Lévites 13, 1-46 ; Psaume 101 ; 1 Cor. 10, 31-11 ; Marc 1, 40-45
La première lecture et l’Évangile de ce dimanche nous parlent des lépreux. Cette maladie était bien pire que le Coronavirus qui nous fait souffrir aujourd’hui. Elle était très contagieuse et incurable. Le seul moyen de limiter sa multiplication était un confinement très strict. De plus, dans la mentalité de l’époque, cette maladie ne pouvait qu’être la conséquence du péché. C’était une raison de plus pour s’en éloigner. Pour éviter toute contamination, le lépreux devait être tenu à l’écart.
Certains textes anciens racontent que la lèpre était bien pire que la mort elle-même parce qu’elle plongeait pendant longtemps le malade dans le déshonneur et la torture avant que la mort ne vienne le soulager. La photo ou l’image du lépreux était: la laideur du visage et un corps déformé par la maladie. Cela montre toute la cruauté attribuée aux lépreux. Ils étaient rejetés comme des déchets de la société. Il leur était interdit d’entrer dans les églises, les moulins, les restaurants et les marchés ; de manger et de boire en compagnie d’autres personnes ; de se laver les mains dans les fontaines et les rivières ; de sortir de chez eux déchaussés, pour ne pas contaminer le sol ; de répondre à ceux qui les interrogent s’ils se trouvent dans le sens du vent, pour ne pas les infecter par leur haleine ; de passer par des chemins trop étroits, pour ne pas risquer de frôler des passants… Exclus de la communauté, ils ne suscitent plus que le dégoût et l’horreur et doivent être mis à l’écart. Les personnes qui étaient frappées par cette terrible situation se trouvaient condamnées à la solitude et au désespoir.
Aujourd’hui, la lèpre a pratiquement disparu. Mais l’exclusion reste toujours bien présente : ce sont les sans-papiers refoulés en Europe, les chômeurs, les conjoints séparés, les enfants abandonnés, les malades, les pauvres… Jésus se préoccupait de tous les exclus. C’était même sa priorité. Avec lui, le mal n’a pas le dernier mot. Il ne craint pas de braver les interdits en touchant le lépreux. C’est un amour sans frontière qui ne craint pas de bousculer les règlements. C’est ainsi qu’un jour, il guérit un infirme le jour du Sabbat.
L’amour de jésus est contagieux. Non seulement Jésus n’est pas contaminé par la lèpre mais c’est lui qui contamine le lépreux. L’humanité de Jésus est porteuse de vie divine. Elle est instrument du salut. Sa sainteté agit dans toute la race humaine. En touchant le lépreux, il met sa chair saine en contact avec la chair pourrie de l’excommunié. L’amour l’emporte sur la haine. Voilà une bonne nouvelle pour nous aujourd’hui.
Le grand message de cet Évangile c’est un appel à nous laisser toucher par cet amour infini du Christ. Devant lui, nous nous reconnaissons défigurés par le péché. Mais il ne se lasse jamais de nous accueillir et de nous pardonner. Son amour pour nous dépasse infiniment tout ce que nous pouvons imaginer. Lui seul connaît vraiment notre détresse et peut nous sauver. Avec lui, il n’y a pas de situation désespérée. Devant lui, nous nous reconnaissons défigurés par le péché. Mais il ne se lasse pas de nous accueillir et de nous pardonner. Peu importe ton péché, ta saleté, le mal que tu as fait, pour Jésus tu restes un enfant de Dieu, crée à son image. Saint Paul a passé une partie de sa vie à persécuter les chrétiens puis il a rencontré lui-même ce Jésus qu’il combattait. Comme Paul et bien d’autres après lui, nous avons à réorienter notre vie vers le Christ.
Le carême commence le mercredi prochain, qu’il soit pour nous un temps de médiation, pour faire une introspection sur notre propre vie, nos saletés, nos misères, notre lèpre que nous présenterons à Jésus en lui disant : “Si tu le veux, tu peux me purifier”.
Bon temps de carême.
Abbé Jean Claude CIZA