Gn 9, 8-15 ; Ps 24 ; 1P 3, 18-22 ; Mc 1, 12-15
« Les temps sont accomplis : le Règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ». Bien aimés de Dieu, en ce premier dimanche de Carême, une exhortation centrale domine ce temps. Elle nous est adressée juste au début de ce temps. C’est une invitation à changer de vie, à mettre de l’ordre dans notre cœur, à revenir à Dieu avec sincérité.
À voir de près, cet appel qui retentit dans cette page de l’évangile en ce jour, risque de tomber dans le vide ou être étouffé par les nombreuses préoccupations de la vie. Il peut se heurter à ce dont notre société a besoin aujourd’hui : la paix, la justice, la vérité, le bonheur, la joie. Pour arriver à répondre dignement à cet appel, il faut qu’entre les hommes, les inimitiés s’apaisent, que les hommes se réconcilient, que les peuples aient le minimum vital pour mener une vie acceptable.
Ainsi, nous pouvons considérer la conversion comme un chemin de paix et de liberté. La conversion en effet, sert à nous procurer une paix intérieure, une paix avec Dieu et une paix avec les autres. Il n’y a pas de changement social qui ne passe pas par un redressement des consciences.
La conversion exige de l’homme des sacrifices et une certaine ascèse. Elle commence par un regard de vérité sur nos choix et sur nous nos compromissions où nous nous enlisons souvent. Il ne peut y avoir de conversion sans un examen sincère de la conscience.
Cependant, la conversion, elle est également libératrice dans la mesure où elle nous délivre des entraves du péché, de ce qui nous tenait captif du mal, du péché.
« Convertissez-vous ». Bien aimés de Dieu ; laissons ces mots résonner au fond de nos cœurs pour les ouvrir à la grâce de Dieu. Prenons maintenant l’engagement de ne pas laisser se perdre cette occasion que le Seigneur nous accorde.
Nous sommes tous invité à faire le pas décisif. À cet égard, l’Évangile nous offre des récits émouvants qui peuvent nous aider à faire le pas décisif d’une manière appropriée à notre situation. Regardons le texte d’hier samedi chez St. Luc 19, 8 : l’appel de Zachée ce collecteur d’impôts qui s’est enrichi sur le dos des autres mais une fois l’appel de Jésus, il a tout laissé pour se réconcilier avec les gens. Regardons ensuite la parabole de l’enfant prodigue qui a pris conscience de son égarement et qui a compris qu’il fallait retourner vers le Père pour retrouver la dignité des fils.
Pour clore cette méditation posons-nous ces quelques questions :
- Sommes-nous de ceux qui ont fait de l’exploitation des pauvres un moyen facile de nous enrichir ? cas de Zachée.
- Sommes-nous de ceux qui profitent de leur situation pour écraser les faibles ?
- Sommes-nous des administrateurs fidèles des derniers publics ?
- Sommes-nous de ceux qui une fois ont fait l’expérience de la misère causée par le péché, retournent vers le Père pour demander pardon ?
Si nous sommes conscients de notre situation, que ce carême soit pour nous le temps de redonner la première place à la justice et à l’équité ; un temps de réparation avec les autres, un temps d’une redécouverte des valeurs évangéliques, car répétons-le, la charité ne remplace pas la justice mais la complète.
Ce temps de carême est un moment où nous devons nous poser quelques questions à savoir :
- Ressemblons-nous à l’enfant prodigue chez Luc, lui qui a pris la résolution de retourner vers le Père.
- Ressemblons- nous à la pécheresse qui vient pleurer aux pieds de Jésus, dans la maison de Simon le pharisien (Luc 7, 36 ss.)
- Menons- nous une double vie au plan de nos engagements familiaux, religieux et professionnels.
- Sommes-nous portés à banaliser la fidélité à nos promesses ?
- Avons-nous du mal à renoncer à des relations coupables qui mettent en péril notre identité chrétienne ?
- Avons-nous étouffé dans notre cœur la voix de l’innocent et fermé nos oreilles aux cris du pauvre, aux cris du juste, aux cris de la veuve, aux cris de l’orphelin… ?
Bien-aimés de Dieu, voici le temps favorable, le temps de grâce, le temps privilégié pour un nouveau départ personnel et communautaire. Que ce voyage au fond de nos cœurs nous conduise vers le Christ victorieux de la mort.
Abbé Jean Claude Ciza