Jr 31,31-34 ; Ps 50 ; He 5, 7-9 ; Jn 12, 20-33
Nos voici petit à petit vers la fin du temps de carême. L’Eglise en ce dimanche, nous fait méditer une page d’Evangile qui dévoile le mystère et le sens de la passion-résurrection du Christ en ces termes : « si le grain de blé tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il produit beaucoup des fruits » (Jn 12,24). L’enseignement central de ce dimanche peut se résumer en quelques mots : c’est le renoncement à soi qui est le secret de la fécondité spirituelle. C’est en acceptant de perdre que l’on gagne ; c’est en mourant à soi que l’on vit pour Dieu et pour les autres. Il n’y a pas de récolte qui ne soit précédée d’une semence, pas de fruits sans grain enfoui au cœur de la terre ; pas de salut sans un passage à travers l’épreuve de la mort à soi-même.
Le temps de Carême, est un temps, nous l’avons dit au début de cette période, où le chrétien doit se forcer à rencontrer le Christ à travers les exercices de piété. Aujourd’hui dans l’Evangile, on nous dit qu’il y a quelques grecs qui ont sollicité auprès des disciples la faveur de rencontrer Jésus. L’évangile ne dit pas s’ils ont été reçu par le seigneur ou pas ; mais en revanche, Jésus nous indique le lieu par excellence pour le rencontrer. C’est en levant les yeux vers la croix, que tout chrétien parvient à rencontrer Jésus, ce Dieu fait homme qui accepter de porter sur lui le poids de nos péchés sur la croix. Pour nous chrétiens, la passion est non seulement ce moment de la mort, de la perte de soi, mais aussi, elle est ; l’heure de la révélation de l’amour ultime de Dieu, l’heure de la glorification, de l’exaltation, de l’élévation et du jugement.
Parfois dans notre vie, nous fuyons la souffrance ; nous ne voulons pas nous engager sur des terrains de la souffrance pour les autres. Aujourd’hui Jésus, nous fait voir l’attitude vraie à apporter devant la souffrance. Conscient du drame qui se trame contre lui et bouleversé au plus profond de lui-même par l’approche de son « heure », Il a pourtant décidé d’aller jusqu’au bout du don de soi. Aux jeux de Dieu, l’homme ne vaut que par sa capacité de don, de se donner pour autrui.
Disciples du Christ et témoins de son règne, nous chrétiens, nous sommes invités au nom de notre foi à parcourir le même chemin de l’oblation, d’accepter de perdre pour sauver les autres, le prochain. Jésus nous a bien averti quand il a dit : « celui qui aime sa vie, la perd : celui qui s’en détache, la garde pour la vie éternelle… si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive, et là ou je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père le glorifiera ». Les martyrs ont compris cet enseignement et ils sont pour nous les modèles à suivre.
Enfin, prendre notre croix quotidienne signifie nous engager dans la logique paradoxale du renoncement à soi pour que le règne grandisse en nous. Accepter de perdre les avantages de ce monde pour que le nom de Dieu et son règne puissent gagner les hommes. Suivre Jésus ou prendre sa croix, c’est aussi accepter de rompre avec l’égoïsme qui nous fait oublier l’autre, le prochain qui est à côté de moi et entrer dans la logique du don gratuit car le don de soi libère. Il est amour qui sauve le monde. Enfin, c’est de la croix que jaillit la vie éternelle.
Bien aimés de Dieu, demandons au Christ, la grâce du don de soi pour marcher avec lui jusqu’à la gloire de sa résurrection. Qu’il détruise l’égoïsme qui règne dans nos cœurs pour nous faire vivre dans un monde où chacun a soucis de l’autre et se donne pour son bonheur. Qu’en cette année de la famille, nos familles respectives deviennent ces lieux où l’amour don de soi triomphe de l’égoïsme.
Pére Jean Claude Ciza
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