Ex 12,1-14 ; Ps 115 ; 1Co 11, 23-26 ; Jn 13, 1-15
Biens aimé de Dieu,
En cette fête du Jeudi Saint où nous célébrons la sainte Cène, nous pouvons résumer le message de ce jour en ces mots : servir et se donner par amour.
La Cène se déroule en deux temps. Nous avons d’abord le lavement de pieds de ses disciples et le partage du repas. Pour bien comprendre le sens de ce geste un peu insolite et émouvant que pose le Christ en lavant les pieds de sas apôtres, il nous faut replacer ce récit dans le contexte de la célébration de la pâque. Au temps de Jésus, il y avait la célébration de la pâque. A l’époque, on devrait d’abord immoler l’agneau dans le Temple de Jérusalem un peu dans l’après-midi, ensuite, on consommait la victime au cours du repas pascal, dans toutes les familles, pendant la nuit suivante. Au cours de ce repas, le père de famille expliquait le symbolisme des rites en retraçant, pour ses fils, dans les grandes lignes, l’histoire de Dieu avec son peuple. Il devrait parlé essentiellement de quatre nuits les plus importantes du monde : la nuit de la création quand la lumière jaillit des ténèbres (Gn1,3), la nuit du sacrifice d’Isaac de la part d’Abraham (Gn 1,3), la nuit de la sortie d’Égypte (Ex 1,17ss) et la nuit, encore attendue, de la venue du Messie (Ex 12,42).
Une question à nous chers parents. Combien nous nous occupons encore aujourd’hui de l’éducation de nos enfants en matière de la foi, de notre culture et de notre histoire ?
C’est dans ce contexte que Jésus arrive à Jérusalem, huit jours avant pour fêter la paque. Il vient accomplir dans la ville sainte, les deux rites prescrits pour cette solennité : offrir l’agneau au temple de Jérusalem, ensuite, consommer la victime avec ses disciples la nuit suivante. Mais ce qui surprenant, il change l’ordre des rites prescrits. Un jour avant le sacrifice au temple, il organise le repas de fête avec ses disciples, puis leur lave les pieds. Ensuite, il se laisse arrêter et crucifier précisément au moment où l’on commence à immoler les agneaux pour la paque.
Au cours de ce repas, Jésus se donne comme corps et sang livré pour ses disciples. Jésus sur la croix a été immolé pour les autres et pas pour lui. La fête d’aujourd’hui, nous rappelle non seulement l’amour infini de Dieu envers nous, mais aussi nous invite au don de soi pour les autres. Cela se voit dans le geste du lavement des pieds.
En effet, chers frères et sœurs, le lavement des pieds est un geste difficile à comprendre, difficile à accepter et difficile à imiter. En soi, ce geste exprime ce qui fait l’essentiel de la vie et de la passion du Christ : il est venu pour servir et non pour être servi (Mc 10,45). C’est au beau milieu du repas que e Christ se lève, se met à genoux devant ses disciples pour leur laver les pieds. Il se dépouille lui-même de ses vêtements. C’est ce que nous allons encore vivre demain, sur la croix, il sera dépouillé par d’autres ; comme un esclave, il se met aux pieds des disciples, il se fait tout petit et vulnérable. En Exode 40, 31 ; le lavement de pieds, dans la culture juive, avait le sens d’une purification. Le geste de Jésus est donc une purification qui symbolise le service qu’il rend à l’humanité sur la croix en la purifiant.
Quand Dieu sert, quand il lave les pieds des créatures, il révèle le fond de son amour, de son cœur. Sur le calvaire, Jésus a subi une mort infligée par les hommes. Ici, Jésus, en pleine liberté, en posant le geste de l’esclave, anticipe l’esclavage de sa mort ; il meurt, pour ainsi dire, d’avance ; il célèbre sa mort liturgiquement, dans cet acte suprême d’amour, en présentant sa mort comme un service rendu aux hommes. Ce qui se passera sur la croix est, quant à l’essentiel, rendu visible par ce geste d’esclave.
La croix, l’Eucharistie et le lavement des pieds répondent à la même logique, celle du don de soi. En regardant le monde avec les yeux de la foi, ce qui peut paraitre une humiliation et une perte devient par excellence un signe d’amour. Mais seuls ceux qui savent aimer jusqu’au don de soi peuvent comprendre ce langage.
Demandons la grâce de savoir nous abaisser pour nous rendre plus disponibles au besoin de nos frères. Demandons la grâce de savoir servir, de savoir aimer comme le Christ l’a fait. Priez pour les prêtres du monde, qu’à l’exemple du Christ grand prêtre par excellence, ils se donnent pour les autres. Que le corps et le sang de Jésus nous fortifie dans son amour pour sa plus grande gloire et pour le salut de l’humanité.
Abbé Jean Claude Ciza
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