Ac 4, 32-35 ; 1 Jn 5, 1-6 ; Jn 20, 19-31
Les lectures de ce deuxième dimanche de Pâques, appelé « dimanche de saint Thomas » ou « Dimanche de la Divine miséricorde », nous parlent de la foi.
Mais qu’est-ce que la foi ?
De nos lectures, nous pouvons relever quelques caractéristiques qui donnent une idée de ce qu’est la foi.
La foi, c’est la confiance : c’est ce que nous voyons au début de la première lecture, du livre des Actes des Apôtres. On y parle de « La multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi ». L’adhésion, c’est la confiance. On adhère à ce que en quoi on croit.
La foi, c’est l’amour : nous rencontrons cette caractéristique dans la deuxième lecture, de la première lettre de saint Jean. Nous y avons entendu dire en effet : « Tout homme qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est vraiment né de Dieu ; tout homme qui aime le Père aime aussi celui qui est né de lui ». L’amour, c’est l’attachement. On s’attache à ce en quoi ou à celui en qui on croit.
La foi, c’est le témoignage : cette caractéristique nous vient de la première lecture. Il y est dit : « C’est avec une grande force que les Apôtres portaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus ». Le partage révèle où l’on puise ses forces de vivre. On partage aux autres ce en quoi on croit.
Voilà les caractéristiques de la foi telles que relevées de nos lectures. Mais à ce niveau, nous pouvons nous poser une question : qu’est-ce que produit la foi dans le croyant qui puisse être transformateur pour lui-même et aussi pour son entourage ? En d’autres termes, vaut-il la peine de croire ? Ou plus simplement, quels sont les dons de la foi ?
Les dons de la foi
L’unité : dans la première lecture, il est dit que ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul cœur et une seule âme ». Avoir un seul cœur et une seule âme, c’est cela être uni. Cependant, l’unité parmi les hommes ne va pas de soi. Cela est dû aux intérêts divergents et égoïstes. Dans notre pays, il y a beaucoup de divisions. Cela nous rend faibles en face de ceux qui veulent nous exploiter. Dans nos communautés, dans nos familles, nous ne réussissons toujours pas à nous entendre. Cela expose les uns et les autres à l’isolement et à la pauvreté. Jésus-Christ est uni à son Père et à l’Esprit. Si nous avons vraiment la foi en Dieu, nous ne pouvons que promouvoir l’unité là où nous sommes, à commencer par nos familles et nos communautés.
La charité : dans la première lecture, il est dit également : « Aucun d’entre [les croyants] n’était dans la misère […]. On […] redistribuait une part à chacun des frères au fur et à mesure de ses besoins ». Dans toute communauté, on a besoin les uns des autres : « Personne n’est assez riche pour ne pas avoir besoin des autres, et personne n’est assez pauvre pour n’avoir rien à donner aux autres ». Cela est une invitation à l’attention mutuelle. On peut aider les autres de plusieurs manières : avec de l’argent, des habits, de la nourriture, des conseils, etc. Si Dieu nous a aimé, ainsi que nous le croyons en tant que chrétiens, alors nous avons le devoir de nous aimer, de nous entraider les uns les autres. Nous sommes tous fils et filles d’une même famille, la famille de Dieu. Nous sommes tous frères dans le Seigneur Jésus-Christ.
La paix : dans l’évangile, à trois reprises, Jésus dit à ses disciples : « La paix soit avec vous ! » Est-ce à dire que la paix est si difficile à vivre parmi les hommes ? En tout cas, à deux reprises, il est dit que les disciples se trouvaient dans un lieu aux portes verrouillées. Ces portes sont les portes de nos cœurs. Nous nous enfermons en nous-mêmes parce que les choses ne vont pas bien au dehors :
a) comme les disciples, nous avons peur : peur de l’Etat, peur des voisins, peur des confrères ou des consœurs, peur de nos propres membres de familles, peur des guerres, peur des assassinats, etc.
b) comme Thomas, nous avons des doutes : doutes sur l’avenir du pays, doutes sur notre travail, doute sur notre santé, doute sur la réussite de nos enfants, doutes sur nos amis, etc.
Et pourtant, malgré le fait que les portes étaient verrouillées, nous dit l’évangile, « [Jésus] était là au milieu d’eux [au milieu des disciples] ». Jésus est là dans nos cœurs, il est là partout où nous sommes. L nous dit comme à Thomas : « ne sois pas incrédule, sois croyant ». Il s’agit d’un message d’espoir : le jour aura raison sur la nuit pour ceux qui croient.
La joie : il est dit dans l’évangile : « Les disciples étaient dans la joie en voyant le Seigneur ». Le contraire de la joie, c’est la dépression. La joie authentique des croyants a pour source la présence du Seigneur. C’est lui qui souffle sur eux l’Esprit Saint, la puissance de la grâce qui donne vie. Jésus a dit dans Jean 15, 5 : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire ». Et dans le Psaume 12,7, 1-2, il nous est dit : « Si le Seigneur ne bâtit la maison, ses bâtisseurs travaillent pour rien. Si le Seigneur ne garde la ville, la garde veille pour rien. / Rien ne sert de vous lever tôt, de retarder votre repos, de manger un pain pétri de peines ! A son ami qui dort, il donnera tout autant ». Les disciples d’Emmaüs l’avaient compris, eux qui avaient dit à l’inconnu qui était en fait le Christ ressuscité : « Reste avec nous car le soir vient et la journée déjà est avancée » (Lc 24, 29). Notre joie, que nous devons partager avec les autres, est dans le nom et la présence du Seigneur ressuscité.
Demandons à Dieu la grâce de la foi qui rend victorieux du monde, selon saint Jean dans sa première lettre.
Abbé Jean Claude Ciza