Textes : Ac 9, 26-31 ; 1 Jn 3, 18-24 ; Jn 15, 1-8
En ce cinquième dimanche de Pâques, appelé « Dimanche des ministères », les lectures développent le thème de la fidélité.
Dans la deuxième lecture, saint Jean nous demande d’être fidèles aux commandements de Dieu et de faire ce qui lui plaît. Et dans l’évangile, Jésus nous demande de demeurer en lui comme lui en nous.
Etre fidèle, c’est être attaché à… Maintenant, comment faire pour être fidèles, pour être attachés aux commandements de Dieu ? Pour être fidèle à Dieu et à l’Eglise.
Comme réponse à cette question, suivant saint Jean dans la deuxième lecture, on peut distinguer deux dimensions :
La première, c’est la dimension verticale : saint Jean en parle en ces termes : « Or, voici son commandement : avoir foi en son Fils Jésus Christ ». Donc la foi en Jésus Fils de Dieu nous donne la possibilité de rester fidèle en Dieu. Cette dimension nous lie au Christ. Lors de la transfiguration, comme nous le lisons dans Matthieu 17, 5, une voix disait aux disciples depuis la nuée : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur, écoutez-le ». Dieu nous invite donc à écouter le Christ. Comme l’a dit Saint Pierre devant le Sanhédrin, « il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes, par lequel nous devrions être sauvés » (Ac 4, 12). C’est la foi en Jésus-Christ, qui nous procure le salut.
Mais il n’est pas si facile de garder la foi. Pour une raison ou pour une autre, on aura tendance à remplacer le Christ par les idoles : personnes, idéologies, choses, fétiches. Ou encore à vivre une foi sans œuvres, une foi morte. Et le Christ de nous prévenir dans l’évangile : « Tout sarment qui est en moi, mais qui ne donne pas de fruit, mon Père l’enlève ». Il ne nous suffit pas de nous réclamer du Christ, il nous faut encore nous donner à lui de tout notre cœur et de toute notre âme. Il faut que cette foi en lui soit manifeste à travers les œuvres de charité, dans une confiance totale en lui aussi.
La deuxième, c’est la dimension horizontale : Saint Jean en parle en ces termes : « Or voici son commandement : et nous aimer les uns les autres comme il nous a commandé ». Cette dimension nous lie les uns aux autres. Il n’est pas facile d’aller vers les autres, d’accepter les autres comme nous le voyons dans la première lecture. Nous sommes dominés par les soupçons, la haine, l’égoïsme. Nous ne sommes jamais assez sûrs des autres. On ne prend pas des risques. Ainsi, les disciples ont-ils du mal à accueillir Paul dans la communauté des croyants en Jésus Christ. Nous avons peut-être du mal à croire en nos collègues, à nos voisins ou à certains membres de nos familles, pensant qu’ils peuvent nous faire du mal.
Comme chrétiens, nous parlons souvent de l’amour. Mais l’amour chrétien doit aller au-delà des paroles. C’est ce que nous rappelle Saint Jean dans la deuxième lecture lorsqu’il dit : « Mes enfants, nous devons nous aimer : non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité ». Et c’est cela que nous montre Barnabé vis-à-vis de Paul selon la première lecture : « Alors Barnabé, nous disent les Actes des Apôtres, le prit avec lui et les présenta aux Apôtres ». Prendre avec soi, c’est briser les barrières : tribales, collinistes, communautaires, politiques, économiques, sexistes, intellectuelles, raciales. Il y a toutes sortes des barrières qui empêchent les gens de se rencontrer vraiment. Prendre avec soi, c’est jeter des ponts, surtout là où il n’en y a pas.
Maintenant, si nous sommes fidèles aux commandements de Dieu, c’est-à-dire si nous avons la foi en Jésus Christ et l’amour du prochain, qu’obtenons-nous de la part de Dieu ? La réponse est qu’il nous donne l’Esprit saint. L’Esprit nous vient du Père par le Fils. Dans Jean 16, 7, Jésus dit à ses disciples : « Cependant je vous dis la vérité : c’est votre intérêt que je parte ; car si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas vers vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai ».
Et que nous procure l’Esprit Saint ? Ici aussi, il faut prendre en compte deux dimensions :
La première, c’est la dimension verticale : elle nous lie à Dieu. L’Esprit Saint nous aide à arranger nos prières. Dans la deuxième lecture, Saint Jean nous dit : « Mes bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous nous tenons avec assurance devant Dieu, et tout ce que nous lui demandons, il nous l’accorde ». En effet, il l’accorde grâce à l’intervention de l’Esprit Saint. Dans sa lettre aux Romains (8, 26) Saint Paul écrit : « Pareillement l’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons que demander pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables ».
Et nous avons tellement besoin que Dieu exauce nos prières !
La deuxième, c’est la dimension horizontale : elle nous lie les uns aux autres. Ici l’Esprit Saint nous aide à vivre en paix. Il nous est dit dans la première lecture : « L’Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie. Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait ; elle se multipliait avec l’assistance de l’Esprit Saint ».
C’est important pour les croyants de favoriser un climat de paix là où ils vivent, là où ils travaillent. Mais cette paix doit commencer dans le cœur de chacun. A ce propos, Saint Jean dit dans la deuxième lecture : « En agissant [dans l’amour], nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité, et devant Dieu nous aurons le cœur en paix ».
Et nous avons tellement besoin de paix en nous, dans nos familles et communautés, dans nos pays !
Demandons à Dieu la grâce de la foi, de la paix et la grâce de l’amour.
Abbé Jean Claude CIZA