Ac 10, 25-48 ; Ps 97 ; 1 Jean 4, 7-10 ; Jean 15, 9-17
Le dimanche passé, le Seigneur nous a invités à demeurer en Lui pour pouvoir porter du fruit. Aujourd’hui, le même mot revient : « demeurez dans mon amour ». Celui qui demeure en Jésus portera des fruits qui sont la joie, l’humilité et l’amour.
On ne le dira jamais assez, l’amour est le mot-clé du christianisme, le résumé de tout son enseignement, l’abrégé de toutes ses lois, le signe par excellence auquel se reconnaît le disciple authentique du Christ. Persécutée ou triomphante, rejetée ou acclamée, l’Église n’est fidèle à sa mission que lorsqu’elle est réellement au service de l’amour.
Nous pouvons lire dans l’évangile de ce jour l’exigence de l’amour que Jésus présente aujourd’hui à tous ceux qui se réclament de lui comme son commandement, le nouveau commandement. Il s’agit de l’amour fraternel.
L’amour fraternel est le signe qui montre qu’on demeure vraiment en Lui. L’amour vient de Dieu et s’il demeure en nous, il nous rapproche de Dieu et de nos frères. Quand nous nous aimons, nous ressemblons à Dieu, car Dieu est amour. Nous aimons souvent chanter ce beau chant de l’Église qui reprend les paroles de la deuxième lecture d’aujourd’hui : « Où sont amour et charité, Dieu Lui-même est présent, car l’amour vient de Dieu, car Dieu est amour. Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est Lui qui nous a aimés le premier ».
À voir l’humanité de nos jours avec les guerres un peu partout, les divisions, la haine, les assassinats, dans nos Églises, nos familles, nos communautés, l’on peut se poser la question de savoir si Dieu est encore présent dans notre monde. Oui ; Il l’est car Il nous a envoyé son Fils et en Lui, l’humanité rencontre la divinité, l’infini rencontre le fini, le temps et l’éternité se rencontrent, l’homme rencontre Dieu. Notre vie chrétienne grandira si nous cultivons l’amitié avec Jésus car il nous apprendra à aimer comme Dieu : prenons assez de temps pour Dieu. La prière quotidienne, la messe, les sacrements,… sont des moyens pour cultiver cette amitié avec Lui. Si nous n’avons pas de temps pour Dieu, nous restons chrétiens certes, mais des chrétiens non pratiquants, des chrétiens du dimanche comme on en voit souvent.
Posons-nous la question de savoir combien de temps nous prenons pour Dieu afin qu’Il soit présent dans notre vie.
Un autre fruit qui caractérise les amis de Jésus c’est la joie. Il y a tant de personnes qui versent des larmes aujourd’hui, ce monde a besoin d’un peu de joie. C’est Dieu qui donne la joie, à travers Jésus-Christ. Mettons-nous à l’école du cœur de Jésus et il comblera nos cœurs de la joie véritable. Apportons aussi la joie à notre entourage : joie d’appartenir à Dieu, joie d’être ami de Jésus, joie de la résurrection ! Un chrétien triste ne donne pas aux autres le désir d’aller à l’Église. Enfin, Jésus nous apprend la douceur et l’humilité car il est doux et humble de cœur comme il l’a dit Lui-même.
Dans la première lecture Pierre rencontre un haut gradé de l’armée romaine, il l’aime et l’accueille par amour de Dieu, comme un enfant de Dieu, parce que Dieu ne fait pas de différence en nous aimant : il nous aime tous d’un amour parfait. Nous pouvons noter l’humilité de Pierre, et même celle de cet officier romain.
Ce passage nous interpelle : apprenons à accueillir les gens, dans l’humilité, cela les touche sérieusement et les conduit à Dieu. L’accueil, dans nos églises, nos communautés, c’est un service à soigner. Aimons, donnons,… mais faisons-le toujours dans l’humilité. Sachons que l’humilité est le chemin de la joie, c’est en elle qu’on devient heureux. Quand on se remplit de soi-même, on passe à côté de l’essentiel.
Frères et sœurs, en ce jour, que chacun de nous s’interroge : Comment est-ce que je vis l’amour de Dieu ? Cela se manifeste-t-il dans mes relations avec les autres ? Comment je me donne à ce Dieu qui m’a tout donné ? Quelqu’un qui a fait l’expérience de l’amour de Dieu doit aimer comme Dieu, il doit aussi donner comme Dieu. Aimer comme Dieu c’est aimer jusqu’au bout et sans mesure. Donner comme Dieu, c’est tout donner et se donner soi-même. C’est ici le lieu de s’interroger sur la qualité de nos dons : combien de temps je fais devant le sacrement ? Combien de minutes je donne à Dieu et combien je donne à mon téléphone ? Mon offrande à l’Église, ma dîme…montrent-elles vraiment l’amour que j’ai pour Dieu et pour son Église ?
Nous pouvons alors retenir les idées suivantes sur l’amour en rapport avec l’évangile.
- L’amour est un don de Dieu avant d’être une loi. Le commandement de l’amour ne devient possible que parce qu’il n’est pas seulement une exigence : l’amour peut être « commandé » perce qu’il est d’abord donné.
- L’amour chrétien n’est pas seulement un sentiment mais une disposition stable
- L’amour chrétien, est un cheminement, un processus. Ce processus demeure cependant constamment en mouvement : l’amour n’est jamais achevé ni complet ; il se transforme au cours de l’existence, il mûrit et c’est justement pour cela qu’il demeure fidèle à lui-même.
- L’amour chrétien est une expression de l’amour de Dieu en nous : « il consiste précisément dans le fait que j’aime aussi, en Dieu et avec Dieu, la personne que je n’apprécie pas ou que je ne connais même pas.
- L’amour chrétien a besoin d’organisation concrète. l’Eglise est la famille de Dieu dans le monde. Dans cette famille, personne ne doit souffrir par manque du nécessaire.
- L’amour chrétien perfectionne la justice, il procure la paix et se passe dans l’humilité. celui qui veut s’affranchir de l’amour se prépare à s’affranchir de l’homme en tant qu’homme.
- Alors, chers frères et sœurs, est-ce vraiment ainsi que nous concevons l’amour et sue nous essayons d’en vivre ?
C’est en demeurant en Dieu, en restant attaché à son Fils, en accueillant son amour, que nous trouverons la joie. N’ayons pas peur, laissons-nous aimer par Dieu.
Abbé Jean Claude Ciza
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