Ac 1, 1-11 ; Eph 4, 1-16 ; Mc 16, 15-20
Quarante jours après Pâques, nous célébrons dans l’Église la fête de l’Ascension du Seigneur. Dans la première lecture, du livre des Actes des Apôtres, saint Luc écrit en effet à Théophile, son interlocuteur, ce qui suit : « Mon cher Théophile, dans mon premier livre j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le commencement jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel […], pendant quarante jours, il […] était apparu [aux Apôtres], et leur avait parlé du Royaume de Dieu ».
Mais Celui qui est monté au ciel en était d’abord descendu comme le dit si bien saint Paul dans la deuxième lecture. Et en fait, dans la Profession de foi (Credo), nous disons : « Pour nous les hommes et pour notre salut, il descendit du ciel » (Missel du dimanche).
Le salut consiste dans l’inauguration d’une nouvelle création, dans une re-création. A l’aube de la première création, Dieu donna des instructions à l’homme et à la femme. Le livre de la Genèse en parle en ces termes : « Dieu les bénit et Dieu leur dit : « Soyez féconds et prolifiques, remplissez la terre et dominez-la. Soumettez les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et toute bête qui remue sur la terre ! » » (Gn 1, 28).
On voit une certaine insistance sur la domination que l’homme doit exercer sur le monde. Mais on sait que la domination peut conduire à des abus. Et l’homme a effectivement abusé, abuse effectivement du pouvoir que Dieu lui a donné.
A l’aube de la nouvelle création ou de la re-création de l’humanité, le Christ donne des instructions à ses disciples. Que leur dit-il ? Essentiellement deux choses :
1° De rester à Jérusalem : à ce propos, saint Luc écrit dans les Actes des Apôtres : « Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux [les Apôtres], il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem mais d’y attendre ce que le Père avait promis ». Qu’est donc Jérusalem ? Jérusalem, ce sont nos milieux de vie, c’est-à-dire nos familles, nos quartiers, nos lieux de travail, nos lieux d’éducation, nos pays. C’est dans ces lieux que Dieu entend nous rejoindre pour nous transformer avec la force du Saint-Esprit. La tendance de l’homme de notre temps c’est de croire que le bonheur est ailleurs, la chance est ailleurs, Dieu est ailleurs. Le Christ change tout cela sous la forme d’un ordre : Dieu vient chez nous, l’Esprit Saint nous est offert chez nous.
2° De devenir des témoins : sur ce, saint Luc écrit : « Alors [, dit Jésus,] vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ». Saint Marc en parle dans l’évangile. Il écrit : « Jésus ressuscité dit aux onze Apôtres : « Allez dans le monde entier. Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création » ».
Être témoin, ici, ne signifie pas seulement être présent au lieu où se passe ou encore doit se passer un événement. Être témoin, ici, signifie en plus, être là pour un autre. Cet autre, c’est le Christ. Dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, saint Paul écrit : C’est au nom du Christ que nous sommes en ambassade » (2 Co 5, 20). Nous sommes donc, à la suite des Apôtres, des ambassadeurs du Christ.
Certes, l’Esprit nous rejoint là nous vivons. Mais une fois transformé, notre témoignage doit déborder notre milieu de vie. Il n’y a pas un milieu où nous ne devons pas porter le Christ. En tout ce que nous disons, en tout ce que nous faisons, partout où nous allons, on doit voir que nous appartenons au Christ.
Maintenant, on peut se poser une question : quels sont les éléments qui rendent authentiques le témoignage que nous devons au Christ ?
Pour répondre à cette question, nous devons nous tourner vers la deuxième lecture. Ici, Saint Paul écrit aux Ephésiens en ces termes : « Frères, moi qui suit en prison à cause du Seigneur, je vous encourage à suivre fidèlement l’appel que vous avez reçu de Dieu ». Cet appel, qui constitue le contenu du témoignage chrétien, Saint Paul le définit comme suit : « ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; rassemblés dans la paix, ayez à cœur de garder l’unité dans un même esprit ».
Les valeurs que nous devons incarner dans notre témoignage chrétien, grâce à la présence de l’Esprit Saint, sont là : l’humilité, la douceur, la patience, l’amour, la paix, l’unité.
Nous avons vu que dans la première création l’homme était appelé à dominer le monde. Ici dans la nouvelle création, l’homme est appelé à se dominer lui-même. Si on est incapable de se dominer soi-même, on ne pourra être ni humble, ni doux, ni patient, ni affable. Au contraire, on va apporter la violence et la division autour de soi. Ce n’est sans doute pas pour rien que Saint Paul mentionne qu’il est « en prison à cause du Seigneur ». Être en prison à cause du Seigneur peut bien signifier « être étroitement lié à Dieu ». En effet, dans sa lettre aux Romains, Saint Paul écrit : « Mais maintenant libérés du péché et devenus esclaves de Dieu, vous portez les fruits qui conduisent à la sanctification » (Rm 6, 22).
Ces fruits, ce sont les éléments qui rendent authentiques le témoignage chrétien. C’est grâce à eux que les miracles dont Jésus parle dans l’évangile peuvent se produire par notre présence.
Demandons à Dieu la grâce de la fidélité aux instructions que le Christ a données au Apôtres avant d’être enlevé au ciel, la grâce d’être humbles, doux, patients les uns envers les autres, ; la grâce de nous supporter mutuellement et de garder l’unité entre nous dans l’attente de l’esprit Saint.
Abbé Jean Claude Ciza