Ac 2, 1-11 ; Ga 5, 16-25 ; Jn 15, 26-16, 15
Nous lisons dans le Missel du dimanche (de Mgr Pierre Jounel) que « Le dimanche de la Pentecôte marque la clôture de la Cinquantaine pascale […] : c’est le dernier jour de la fête […]. Mais c’est surtout le jour de l’effusion du Saint-Esprit sur les Apôtres et du départ missionnaire ». Les lectures que nous venons juste d’entendre, nous parlent dutémoignage.
Un témoignage est un compte-rendu de ce que l’on a vu ou entendu. Mais il peut être aussi simplement la manière de mener la vie. Comme compte-rendu, pour être crédible, un témoignage doit être vrai, c’est-à-dire conforme à la réalité. Et comme manière de mener la vie, pour être crédible, un témoignage doit refléter la cohérence d’une vie vécue selon les valeurs.
Bien aimés de Dieu, dans l’évangile, parlant de l’Esprit Saint, Jésus dit : « […] je vous enverrai d’auprès du Père […] l’Esprit de vérité ». Jésus l’appelle aussi « le Défenseur ». L’Esprit révèle le Père et le Fils au monde. Il chasse les ténèbres de l’ignorance en éclairant la relation qui nous unit à Dieu (nous sommes ses enfants) et la relation qui nous unit les uns aux autres (nous sommes tous frères). L’Esprit défend la vie contre la mort en éclairant la conscience de l’humanité sur le bien à faire et le mal à éviter. En tout cela, dit Jésus, « il rendra témoignage en ma faveur ». Il rendra témoignage en faveur du Christ qui est venu pour réconcilier les hommes avec Dieu et leur donner la vie en abondance.
Inspirés par l’Esprit, les croyants aussi rendront témoignage : « Et vous aussi, dit Jésus, vous rendrez témoignage, vous qui êtes avec moi depuis le commencement ». Comme croyants, nous devons rendre témoignage au Christ, quotidiennement, dans notre manière de vivre.
Maintenant nous pouvons nous demander : est-ce que l’Esprit Saint est donné à tous les croyants ? L’Écriture dit oui. En effet, dans Les Actes des Apôtres, nous avons entendu ces paroles : « Ils [les disciples] virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux. Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint ». Donc personne parmi nous ne peut raisonnablement dire : « Dieu m’a oublié ».
Nous pouvons nous poser une autre question : est-ce que l’Esprit Saint est capable de nous changer ? Oui, nous dit l’Écriture. Et c’est pour deux raisons :
1° L’Esprit est une force : « Quand arriva la Pentecôte, avons-nous entendu dans les Actes des Apôtres, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain il vint du ciel pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie ». Comme force, l’Esprit Saint est capable de nous bouger de là où nous sommes, de nous changer de position, de nous faire changer d’idées, d’avis.
2° L’Esprit est un feu : nous avons déjà mentionné cela : « Ils [les disciples] virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux ». Comme feu, l’Esprit est capable de nous transformer, de nous purifier.
L’Esprit Saint ne laisse donc pas l’homme indifférent. Il faut un effort délibéré de la part de l’homme pour résister à la présence de l’Esprit Saint.
Jésus, dans l’évangile, nous a présenté le Saint Esprit comme « Défenseur » et comme « Guide vers la vérité tout entière ». Dans ces rôles, qu’est-ce que l’Esprit Saint offre aux croyants ? Le Catéchisme de l’Église catholique (1992, § 1832) énumère douze (12) fruits de l’Esprit qui « sont des perfections que forme en nous le Saint-Esprit comme des prémices de la gloire éternelle ». Ces fruits sont : « charité, joie, patience, longanimité, bonté, bénignité, mansuétude, fidélité, modestie, continence, chasteté ». Le Catéchisme de l’Église catholique renvoie à Ga 5, 22-23, c’est-à-dire à la deuxième lecture d’aujourd’hui où saint Paul parle de ce que produit l’Esprit, à savoir : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maîtrise de soi ».
Mes frères et sœurs, ces fruits sont des remèdes, des médicaments efficaces contre les maladies qui nous rongent, contre les maladies qui détruisent l’harmonie, la concorde entre les hommes et même entre les croyants. Saint Paul les présente comme suit : « débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, sorcellerie, haines, querelles, jalousie, colère, envie, divisions, sectarisme, rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre ».
Dans Les Actes des Apôtres, on nous fait connaître un autre fruit de l’Esprit Saint qui entre aussi dans le combat contre ces maladies. C’est l’universalité : « Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue ». Les croyants sont appelés à se dépasser, à dépasser leurs barrières familiales, régionales, tribales, raciales, rituelles pour rejoindre tous les hommes, là où ils se trouvent. La patrie du croyant, c’est le monde entier ; la nation du croyant, c’est toute l’humanité ; sa langue, c’est le bien. Le monde croira en Dieu, l’humanité rendra gloire à Dieu, si les croyants, sous l’inspiration du Saint Esprit, témoignent du Christ dans leur vie quotidienne. Comme pour les disciples le jour de la Pentecôte, puisse Dieu accordé à chacun de nous la grâce de s’exprimer « selon le don de l’Esprit ».
Abbé Jean Claude Ciza
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