Ez 2, 2-5 ; 2 Co 12, 7-10 ; Mc 6, 1-6
Les lectures que nous venons d’entendre, en ce quatorzième dimanche du temps ordinaire, traitent du thème de la rébellion.
La rébellion est un refus obstiné, prolongé et généralement violent contre une idéologie, un ordre ou une situation.
Dans la première lecture, du livre d’Ézékiel, Dieu dit de nous : « ce peuple de rebelles […] s’est révolté contre moi », c’est une engeance de rebelles ».
Normalement, qui devrions-nous être pour Dieu ? Nous devrions être Israël, son peuple. En effet, quand Dieu parle à Ézékiel, il lui dit : « Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël ». Et dans l’évangile, il est dit : « Jésus part pour son pays, et ses disciples le suivent ».
Pour être un peuple, il faut avoir des lois et savoir les respecter. Pour être le peuple de Dieu, il faut respecter les commandements de Dieu, en particulier le plus grand de la Loi. Saint Matthieu nous parle du plus grand commandement dans la conversation entre Jésus et un légiste. Ce dernier demanda à Jésus : «Maître, quel est le grand commandement dans la Loi ? ». Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le plus grand, le premier commandement ». Puis Jésus ajouta : « Un second est aussi important : “Tu aimeras ton prochain comme toi-même” ». Et il conclut : « De ces deux commandements dépendent toute la Loi et les prophètes » (Mt 22, 34-40).
C’est en vivant de l’amour de Dieu et du prochain que nous sommes le peuple de Dieu, que nos cœurs, nos familles, nos régions deviennent le pays de Jésus où il se rend avec ses disciples que nous sommes. Mais vivons-nous vraiment de l’amour de Dieu et du prochain ? L’Écriture dit non, car :
Nous refusons Dieu dans notre vie :
Et cela de manière active chez les parents. Dieu dit à Ézékiel : « Leurs pères se sont levés contre moi ». Se lever est un geste actif, fort. Quand on se sent fatigué, on s’assoie ou on dort. Quand on se sent fort on se lève. L’homme, dans le chef des parents, se lève contre Dieu. En plus d’être un geste actif, fort ; c’est une manifestation d’orgueil. L’homme se croit capable de guider son cœur, de conduire la famille, de gouverner la société sans se soucier de Dieu.
Mais les résultats sont là : nos cœurs sont malades, nos familles sont déchirées et notre société est désorientée. Les enfants ne peuvent qu’en subir le contre coup.
Suivant l’exemple des parents, les enfants aussi se ferment à Dieu : Dieu dit en effet à Ézékiel : « et les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné ». Un visage dur est un visage peu accueillant, colérique et soupçonneux. Et un cœur obstiné est un cœur inflexible. Ce qu’on veut dire par tout cela c’est que les enfants deviennent imperméables à l’amour de Dieu, ils ne se laissent plus impressionnés par la présence de Dieu dans leur vie. Ils vivent sans référence à Dieu, comme si de Dieu on ne doit plus parler.
Alors les enfants essayent de goûter à toutes sortes de spiritualités qui n’ont rien à voir avec la foi. Notre mère c’est la foi. Nous devons la retrouver pour vivre dans l’amour de Dieu.
Nous connaissons le français Henri de Lubac qui a écrit dans son livre Le drame de l’humanisme athée que « L’homme peut bien gouverner le monde sans Dieu, mais il ne pourra le faire que contre l’homme ». Si l’amour de Dieu est en souffrance, celui du prochain le sera également.
Le refus de l’amour du prochain est symbolisé dans l’évangile par le rejet dont a été l’objet Jésus dans son pays. Les gens disaient de lui : « Quelle est cette sagesse qui lui a été donné, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? ». Cela, c’est le dénigrement.
Le dénigrement a sa source dans les préjugés et la jalousie. Nous sommes ainsi. Nous croyons difficilement aux performances des autres. Nous communions difficilement aux joies des autres. On ne s’aime plus et nous voyons la source de ce manque d’amour entre les hommes. En plus de la jalousie et des préjugés, il y a aussi l’hypocrisie qui caractérise de nos jours nos relations. Ce que nous observons aujourd’hui, c’est la concupiscence dans nos relations : on dit aimer un tel pas pour ce qu’il est comme créature de Dieu, mais pour un objectif caché. Notre amour envers le prochain est parfois guidé par l’objet ; un intérêt.
Comme saint Paul, beaucoup subissent quotidiennement « des humiliations, des insultes, des contraintes, des persécutions et des situations angoissantes » de la part des autres. Un proverbe africain dit : « les hommes n’ont pas l’amour ».
Ce manque d’amour du prochain peut mener les gens au découragement. L’évangile dit de Jésus : « Et là il ne put accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains ».
Comme peuple des rebelles, nous sommes des malades. Comment trouver la guérison ? Quel est le remède ? C’est l’accueil de Dieu en nous.
C’est Ézékiel qui nous en parle dans la première lecture quand il dit : « L’Esprit vint en moi ». Cela a une double conséquence :
1° L’esprit nous fortifie : « il me fit mettre debout », dit Ézékiel. Il ne s’agit pas de cette force orgueilleuse qui vient de nous. Mais de la force même de Dieu qui rend capable de faire le bien.
2° L’Esprit nous ouvre les oreilles : « et j’entendis le Seigneur qui me parlait », dit Ézékiel. Si nous accueillons Dieu, nous pouvons entendre sa voix nous parler dans notre cœur, nous rappeler ses commandements pour que nous puissions l’aimer et aimer notre prochain.
–Est-ce que nous sommes prêts à accueillir Dieu en nous aujourd’hui ? Que L’esprit Saint, nous obtienne la grâce d’un amour sincère, un amour sans mesure envers Dieu et envers le prochain ; qu’il nous aide à accueillir Dieu dans notre vie et nous fortifie pour ne pas tomber dans les pièges du diable. Qu’Il fasse de nos familles ce lieu où l’amour du prochain est vécu et qu’il augmente notre foi en Dieu Amour.
Abbé Jean Claude CIZA
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