Dans l’évangile du Dimanche dernier, Jésus avait envoyé les apôtres en mission. Les voici maintenant revenus. Ils sont heureux, fiers sans doute du travail accompli. Ils disent ce qu’ils ont fait et enseigné. Observant ses apôtres, Jésus remarque qu’ils sont débordés et accablés de fatigue. Et voici que l’urgence de la mission, de tout ce qui reste encore à faire, ne cesse de les poursuivre : on arrive et on part autour d’eux ; ils n’ont même pas le temps de manger. Jésus les invite à se retirer avec lui, à l’écart, pour faire avec eux un petit bilan sur la mission qu’il leur avait confiée : « Venez à l’écart et reposez-vous. » Un accueil qui est sollicitude d’un maître attentif aux autres, sollicitude d’un maître pour ses disciples. Bien sûr, il y a l’urgence de la mission, les besoins de ceux qui vont et viennent autour des apôtres, mais il y a aussi les besoins des apôtres. Même le berger le plus donné à son troupeau, le plus soucieux de ses brebis, a besoin de repos. Ce n’est pas une fuite que Jésus leur propose mais un temps de ressourcement pour mieux servir la foule. Lui-même se retirait souvent dans un endroit désert pour être en cœur à cœur avec son Père. Il y passait parfois des nuits entières. C’est là qu’il puisait la force.
L’invitation de Jésus s’adresse à chacun de nous en ce jour : Reposez-vous des soucis, des travaux et des difficultés de chaque jour. Oui, nous sommes comme agités par le travail et les soucis de chaque jour, l’urgence de ce qui reste à faire… Mais de quel repos s’agit-il ? Il y a le repos qui permet de refaire les forces, de retrouver l’énergie et de repartir. Mais surtout le repos dans le Seigneur. Vous vous mettez sans doute à l’écart en organisant un piquenique… Si ce moment de détente était précédé par un bref moment de lecture et de partage d’un texte biblique ou d’une petite prière, votre retrait à l’écart serait, en plus de la détente, un moment de repos dans le Seigneur. Pourquoi ne pas essayer cette expérience en famille ou entre collègues ou amis?
« Il eut compassion d’eux car ils étaient comme des brebis sans berger ».
Cette grande foule qui vient de partout vers Jésus, c’est l’humanité entière, celle de son temps et celle de notre temps. Aujourd’hui comme autrefois, les gens sont comme des brebis sans berger. Ils auraient dû être protégés par des chefs conscients de leurs responsabilités du bien commun. Mais ces derniers se comportent comme des charlatans bien plus préoccupés de leurs intérêts personnels que par ceux de leur peuple. Les principales victimes de cette situation, ce sont les plus petits, les plus pauvres. Or, ce sont eux qui attirent l’attention de Jésus et sa pitié. Son cœur est remué devant leurs misères. Prêtres, religieux et laïcs, Jésus nous envoie vers les foules de notre temps, en particulier les plus petits, ceux et celles qui sont avides de justice et de paix, vers ceux qui sont fatigués et désespérés, vers ceux qui errent, ceux qui sont désorientés, ceux qui sont désabusés par de faux prophètes. Soyons des messagers porteurs de joie et d’espérance.
En ce jour, nous prions le Seigneur d’accorder à chacun de nous un cœur sensible, généreux et capable de s’émouvoir face aux soucis et aux besoins de nos frères et sœurs à l’instar de Jésus notre Maître.
Abbé Jean Claude Ciza
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