Évangile : Jean 6, 1-15
« Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » (Jn 6, 5)
La bonne nouvelle de ce jour est que Jésus ne reste pas insensible ou indifférent face aux souffrances et aux besoins des hommes. Il a pitié de ceux qui le suivent : il constate que la foule est affamée et qu’elle doit être nourrie. Jésus sait bien que « ventre affamé n’a pas d’oreille » ; que quand on a trop faim, on n’écoute plus. Et quand il y a à manger, c’est lui-même qui procède à la distribution. C’est pour nous une bonne nouvelle de savoir que Jésus s’intéresse à tout ce qui passe dans notre vie, qu’il se veut partie prenante. A l’instar de Jésus, puissent nos cœurs être pareils à celui de Jésus, cœurs sensibles, attentifs et ouverts devant la souffrance de nos semblables, cœurs capables de s’émouvoir et compatissants.
« Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! »(6, 9)
Derrière chaque geste, Jésus veut plutôt nous livrer un message. Il n’y a que cinq pains et deux poissons, c’est bien peu, dit André. Mais pour Jésus, il faut commencer par là. Car c’est toujours avec le petit peu que nous avons que Dieu peut agir. Et si cet enfant n’avait pas donné ses cinq pains et ses deux poissons ? Dieu a besoin de nos gestes de partage pour réaliser de grandes choses. Le peu que nous pouvons, faisons-le déjà. Et, ces petits peu mis ensemble contribueront à des solutions. Dieu ne multiplie que ce que nous donnons. Oui, Jésus pouvais bien nourrir la foule sans avoir besoin de ces cinq pains et deux poissons. Mais pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Il veut montrer que Dieu a besoin de notre collaboration pour venir en aide à nos prochains.
Notre foi doit se traduire par des actions de solidarité. Nous sommes appelés à partager, même si ce que nous possédons est presque rien. Soyons attentifs aux besoins de ceux qui nous entourent. Si les plus riches décident de partager avec ceux qui sont dans le besoin, le désert se changera en champ d’abondance. Ouvrons généreusement nos mains et notre cœur à nos prochains. Le geste que pose Jésus est une annonce de l’Eucharistie, et nous ne pouvons participer à l’Eucharistie que si nous sommes des « partageurs ».
Le geste de générosité du jeune garçon dans l’Évangile d’aujourd’hui est une leçon pour nous tous. Cinq pains d’orge et deux poissons ! Une goutte d’eau dirait-on, mais c’est à partir de ce geste que le miracle s’accomplit.
« Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde » (Jn 6,12)
Une partie non négligeable de la population mondiale souffre de malnutrition ; pendant ce temps des gens gaspillent sans honte…Un tiers de la nourriture produite dans le monde finit dans les poubelles et les camions à ordures. On est écœuré de voir tous les rassasiés gaspiller ce que beaucoup aimeraient avoir, ne fût-ce qu’une petite miette. Un scandale de notre société moderne. Un délit de solidarité ! Jésus doit certainement être déçu : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde » (Jn 6:12). Certes, nous n’avons pas une baguette magique pour changer les choses, mais notre monde peut être transformé si nous ouvrons nos cœurs aux autres, avec de petites choses de chaque jour, avec la générosité, le partage, et en créant des attitudes de fraternité.
Abbé Jean Claude Ciza
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