Ex 16, 2-15 ; Ep 4, 17-24 ; Jn 6, 24-35
L’Evangile de ce dimanche fait suite au récit de la multiplication des pains qui comme nous pouvons le constater fait référence à la nourriture. Jésus dit à la foule : « vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés ». De cette remarque de Jésus, posons-nous cette question de savoir quelles sont les raisons qui accompagnent le plus souvent notre attachement à Jésus ou nos prières ?
Comme nous le savons tous, la nourriture occupe une place centrale, une place de choix dans la société, dans la vie humaine. La nourriture fait partie des droits fondamentaux, inaliénables de l’homme.
Dans la première lecture, du livre de l’Exode, il est dit que « Dans le désert, toute la communauté d’Israël récriminait contre Moïse et son frère Aaron » à propos du manque de nourriture. Face à la faim, le peuple de Dieu est dans son droit de réclamer la nourriture.
Et Dieu n’est pas resté sourd à la demande de son peuple. Il dit à Moïse : « Voici que du ciel, je vais faire pleuvoir du pain. Le peuple sortira pour recueillir chaque jour sa ration quotidienne, et ainsi je vais le mettre à l’épreuve : je verrai s’il obéit, ou non, à ma loi. J’ai entendu les récriminations des fils d’Israël ».
Le désert que traversent les enfants d’Israël, c’est aussi notre désert : c’est le désert de nos difficultés, de nos manquements, de nos incertitudes, de nos soucis, de nos injustices, de nos péchés. Mais ce désert se révèle aussi comme le lieu de notre aspiration à une vie meilleure.
Voilà pourquoi aujourd’hui Dieu nous demande de regarder au-delà de la nourriture matérielle pour découvrir et recevoir la nourriture spirituelle qui donne tout son sens à la nourriture matérielle. En effet, dans l’évangile, Jésus dit à ses disciples : « Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle […]. « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif » ».
Saint Paul, dans sa lettre aux Romains nous donne les éléments qui nous aident à nous identifier effectivement comme disciples du Christ. Il y écrit : « Garde-toi, pour une question de nourriture, de faire périr celui pour lequel Christ est mort. Que votre privilège ne puisse être discrédité. Car le règne de Dieu n’est pas affaire de nourriture ou de boisson ; il est justice, paix et joie dans l’Esprit Saint » (Rm 14, 16-17).
1° La justice : La justice, c’est l’harmonie, l’équilibre dans les relations qu’on a avec les autres. Un homme juste vit dans la vérité et ne cherche pas à priver l’autre de ses droits ou de ce auquel il a droit. Et pourtant, bien souvent nous cherchons à gagner plus que nous ne méritons, nous discriminons, nous calomnions. Cela engendre nécessairement un climat d’insécurité autour de soi. Mais saint Paul nous dit dans la deuxième lecture : « Adoptez le comportement de l’homme nouveau, créé saint et juste dans la vérité, à l’image de Dieu ».
-Est-ce que je suis un homme juste ?
2° La paix : Comme la justice, la paix c’est aussi l’harmonie, l’équilibre dans les relations qu’on a avec les autres. Mais plus que pour la justice, pour la paix, cette harmonie commence en soi. Un homme qui ne s’écoute pas, ne peut pas écouter les autres ; un homme qui ne s’aime pas, ne peut pas aimer les autres. Un homme de paix jette des ponts entre les hommes. Après sa résurrection, Jésus a dit à ses disciples : « La paix soit avec vous » (Jn 20, 19, 21).
-Est-ce que je suis un homme de paix ?
3° La joie : La joie, c’est la satisfaction du fait qu’on vit des relations harmonieuses, équilibrées avec soi-même et avec les autres. La joie, c’est la bonne humeur. Comme tel, la joie se construit. Elle ne peut exister que là où les gens savent se pardonner, là où les gens ont le sens de l’humour, là où les gens essayent de penser aux autres. « En voyant le Seigneur [après la résurrection], nous dit saint Jean, les disciples furent tout à la joie » (Jn 20, 20).
-Est-ce que j’apporte la joie aux autres comme le Christ me l’apporte à moi ?
Comme nous l’invite Saint Paul dans la deuxième lecture, laissons-nous guider intérieurement par un esprit renouvelé. Que le Christ que nous allons recevoir comme vraie nourriture nous obtienne la grâce de la justice, de la paix et de la joie.
Abbé Jean Claude Ciza
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