Dt 6,2-4 ; Ps 118 ; He 7, 23-28 ; Mc 12, 28b-34.
En ce dimanche les textes que l’Église nous propose pour notre méditation, parlent du décalogue. Nous retenons de ces textes cette préoccupation : « quel est le plus grand commandement ? ».
En effet, c’était déjà une question débattue dans les « Yeshivot » (écoles de la loi) par les spécialistes des Saintes Ecritures. A l’époque, rappelons, qu’on recenser jusqu’à 613 préceptes, dont 365 interdictions, que même les légistes les plus avisé ne pouvaient pas prévaloir connaître réellement et encore moins d’observer.
Jésus, aujourd’hui, nous offre un résumé de la loi : c’est l’amour. Contrairement aux autres prophètes de l’AT qui avaient essayé de condenser toutes les obligations de la loi dans quelques règles claires et précises ; Pour Jésus, pour accomplir la loi, il suffit d’« aimer ». Avant d’évoluer, rappelons que David dans le Pentateuque, avait prescrit 11 lois que nous trouvons dans le Ps 15, plus tard, Isaïe ramènera ces lois à 6 exigences essentielles, voir : Is 33, 15 ; le prophète Michée en réduisit le nombre à 3 (Mi 6, 8) et le prophète Habacuc considérait comme unique loi la fidélité à Dieu (Ha 5, 4).
Quel est la particularité de Jésus dans cette unique loi ?
Nous disons qu’il y a pour Jésus, Dieu et l’homme, l’homme et Dieu.
Dans sa réponse à cet homme, qui est du reste incarné en chacun de nous, Jésus, refuse d’éliminer l’homme au profit de Dieu ou de renier Dieu au bénéfice de l’homme. En effet, l’amour de Dieu, ne peut exister là où fait défaut celui de l’homme ; de même l’amour du prochain ne peut être vrai, profond et constant que s’il ne s’appuie pas sur celui de Dieu. Dieu est le modèle de l’amour ; il est lui-même l’amour parfait. L’histoire enseigne qu’une religion édifiée uniquement sur l’amour de Dieu se transforme souvent en un extrémisme meurtrier tandis qu’une civilisation construite sur la haine de Dieu se retourne contre l’homme, produisant des formes avilissantes de totalitarisme ou de fascisme.
Pour nous éclairer, Jésus cite un fameux texte du Dt 6, 4 : « tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toutes tes forces ». C’est le fameux « Shema Israël (Écoute, Israël), la célèbre profession de foi que l’on récitait trois fois par jour. Dans cette prière, le croyant proclamait non seulement sa foi en un Dieu unique mais aussi sa conviction que la perfection de la loi consiste à l’aimer comme un Père, un ami ou un époux (Jr 31, 9 ; Os 11, 1-9 ; Is 49, 15 ; 54,1-10 ; Os 6, 1-6). Dans ce bref message, l’adjectif « tout » est répété à trois reprises pour indiquer l’extension et la profondeur de cet amour qui doit couvrir toutes les dimensions de l’homme.
En second lieu, le Christ dit : « tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lev 19, 18). A ce sujet, le Christ indique également une mesure : l’amour que l’on a pour soi-même. Un tel amour n’est pas réservé à ceux qui nous aiment, (Mt 5, 46) ni à ceux qui nous font du bien, il va au-delà de nos liens familiaux (Mt 5, 47) et est offert même aux ennemis. Voilà la nouveauté et l’originalité du message du Christ. Cet amour n’attend pas de récompense parce qu’il prend sa source en Dieu et de lui reçoit sa plénitude. Un tel amour conduit au don de soi et au pardon sans limite (Mt 18, 25-38).
Commentant ce beau passage, saint Augustin dit ceci : « aime et fais ce que tu veux. Si tu te tais, tais-toi par amour ; si tu parles, parle par amour ; si tu corriges, corrige par amour, si tu pardonnes, pardonne par amour. Aie au fond du cœur la racine de l’amour : de cette racine, rien ne peut sortir de mauvais ». Et Pierre Teilhard de Chardin disait ceci au sujet de la puissance de l’amour : « un jour, quand nous aurons maîtrisé les vents, les vagues, les marées et la pesanteur, nous exploiterons l’énergie de l’amour. Alors, pour la seconde fois, l’homme aura découvert le feu ».
Demandons la grâce de l’amour parfait qui nous identifie au Père et à son Fils dans l’Esprit d’amour et aimons-nous les uns les autres comme Dieu nous aime !
Abbé Jean Claude Ciza
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