En ce trente-deuxième dimanche du temps ordinaire, les lectures nous introduisent au thème de la générosité.
Mais qu’est-ce que la générosité ? On peut définir la générosité comme un élan du cœur qui nous fait sortir de nous-mêmes pour nous tourner vers les autres. Un élan qui rend attentif aux autres, aux besoins des autres, aux besoins du monde. C’est un élan qui nous pousse à partager avec les autres ce qu’on a, voire ce qu’on est.
Personne ne se suffit à lui-même, nous sommes appelés à nous entraider les uns les autres.
Et les lectures nous donnent quelques caractéristiques de la générosité :
1° Elle est accueillante : la première lecture parle d’Elie qui part pour Sarepta et qui arrive à l’entrée de la ville. Il rencontre une femme, une femme veuve à qui il demande de l’eau et du pain en une période de disette, de famine. La femme ne l’a pas rejeté, elle n’a pas rejeté l’étranger. Elle a causé avec lui comme on cause avec un vieil ami.
Sarepta, c’est notre cœur. L’entrée de la ville, c’est l’entrée de notre cœur. La femme veuve symbolise ici une personne oubliée, mais sait travailler, qui sait écouter, qui sait prendre soin d’elle-même et des autres. Elie, c’est l’étranger, l’autre qui est dans le besoin, qui vient nous déranger.
Est-ce que nous voyons les gens qui arrivent affamés, tristes, démunis à l’entrée de notre cœur ? Est-ce que nous avons un cœur de femme pour savoir écouter ceux et celles qui me parlent ?
2° La générosité est humble : dans l’évangile, Jésus oppose des veuves aux scribes et une femme pauvre et veuve aux gens riches. Les scribes sont décrits comme des personnes qui aiment se faire voir, qui aiment impressionner et qui n’hésitent pas à s’approprier des biens d’autrui en toute impunité et sans remords. Les veuves sont présentées comme des gens fragiles qui se font même dévorer leurs biens ! Quant aux riches, Jésus les montre comme donnant de leur superflu, sans aucune intériorité. Mais la femme veuve donne de son indigence, avec simplicité et avec respect : les riches en effet « mettaient », mais la veuve « s’avance et dépose ».
Le Christ nous demande de nous méfier des scribes, c’est-à-dire de la manière dont ils agissent.
Est-ce que nous savons être humbles ? Est-ce que nous savons avoir du respect pour les gens ?
3° La générosité est confiante : dans la première lecture, la femme veuve a présenté à Elie sa situation comme celle d’une personne dont les jours sont comptés : « Je ramasse, dit-elle, deux morceaux de bois, je rentre préparer pour moi et pour mon fils ce qui nous reste. Nous mangerons et puis nous mourrons ».
Ce récit rappelle un proverbe haïtien qui dit : « Au-delà de la montagne, il y a une autre montagne ». C’est le désespoir total.
Certes la souffrance existe, et nous la connaissons aussi dans notre pays, et particulièrement dans notre région.
Mais Elie dit aujourd’hui à chacun de nous comme à la veuve : « N’aie pas peur, va, fais ce que tu as dit. Mais d’abord cuis-moi un petit pain et apporte-le-moi, ensuite tu feras du pain pour toi et pour ton fils ».
Est-ce que nous avons assez de courage pour penser d’abord aux autres ? Pour mettre les autres à la première place ? Est-ce que nous avons conscience que c’est l’égoïsme qui détruit notre cœur et qui appauvrit notre pays pourtant si riche ?
Mais d’où vient la générosité ? Pour nous croyants, la générosité a sa source en Dieu.
Dans la première lecture, il est dit que Dieu « donnera la pluie pour arroser la terre ». Et dans la deuxième lecture, il est dit que le Christ se tient « maintenant pour nous devant la face de Dieu ».
*Dieu est généreux envers nous : il nous nous nourrit. Il nous donne ainsi un exemple pour aller vers les autres, pour être utiles aux autres.
*Le Christ est généreux envers nous : il intercède pour nous. Il nous donne ainsi un exemple pour savoir nous écouter les uns les autres, pour prier les uns pour les autres.
Quelle récompense y a-t-il à être généreux ?
Si nous sommes généreux, nous ne manquerons de rien ici-bas : « Et la jarre de farine ne s’épuisa pas, et le vase d’huile ne se vida pas, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé par la bouche d’Elie », dit le livre des Rois. Et nous aurons la vie éternelle dans l’au-delà : « Le Christ apparaîtra une seconde fois pour le salut de ceux l’attendent », dit l’évangile.
Que le Seigneur que nous allons recevoir dans l’Eucharistie nous donne la grâce d’être généreux les uns envers les autres, et surtout de penser aux plus nécessiteux.
Abbé Jean Claude Ciza
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