Mi 5, 1-4 ; Hb 10, 5-10 ; Lc 1, 39-45
En ce quatrième dimanche de l’Avent, les lectures nous invitent à méditer sur le Seigneur comme guide de son peuple.
Un guide, c’est quelqu’un qui mène dans la bonne direction. C’est celui sans qui l’on serait perdu. Dans un parc par exemple, le guide conduit les touristes sur les bonnes pistes qui aboutissent aux endroits où sont les animaux. Il peut même parler aux animaux, les appeler, les amadouer. Dans un musée, le guide redonne la vie, donne un contexte aux objets qui autrement seraient morts, muets pour les visiteurs.
Dans la société pareillement, on a besoin des guides, de bons guides. Ils ont la responsabilité de conduire le peuple, de veiller sur la paix sociale. Les Bakongo disent dans leurs proverbes : « Vo mwana bweki nsuki, kitumbu ku mfumu vata (Si les cheveux de d’un enfant deviennent roux, le blâme revient au chef du village) ».
Sommes-nous bien guidés ? Que dit l’Ecriture ?
L’Ecriture nous dit que nous ne sommes pas bien guidés.
Pour quelle raison ?
Parce que nous ne sommes pas bien gouvernés
Voire nous ne sommes pas gouvernés du tout : en effet, la première lecture, du livre de Miché, parle d’ « un temps de délaissement ». Etre délaissé, c’est être abandonné, mis de côté, rejeté, oublié. Voilà notre condition : dans notre pays, beaucoup de gens vont passer Noël dans la brousse ou dans des camps de déplacés. Ils veulent qu’on se souvienne d’eux et maintenant. Dans nos familles pareillement, des enfants sont des victimes désignés de la mésentente des parents. Les enfants sans toit sont de plus de plus nombreux dans nos rues. Ils ne mendient pas seulement le pain ou l’argent, mais aussi l’affection. Ce sont de mal aimés. Et nos communautés, sont-elles toujours des lieux d’harmonie, d’amitié, du bon conseil, de paix ?
Parce que nous sommes divisés
Dans la première lecture, Dieu dit : « et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les enfants d’Israël ». Si l’on doit rejoindre, c’est qu’on était séparé, divisé. Et il y a bien de divisions parmi nous : ethniques, claniques, familiales, interpersonnelles. La jalousie et la haine sont les grands moteurs de ces divisions. Beaucoup de proverbes de nos langues illustrent ces divisions et augmentent la peur de l’autre aussi bien que notre insécurité.
Dieu veut que cela change. C’est pour cela qu’il vient vers nous.
Comment agit-il ?
Il est énergique
Dans la première lecture, il est dit en effet qu’ « il se dressera ». Les Bakongo nous aident à comprendre cela quand ils disent : « Ku botalala, kufwa ku nkongo (Si le chasseur passe son temps à s’asseoir, il finit par perdre l’art de bien viser à la chasse ». L’agir énergique du Seigneur est un remède à notre paresse. Le Seigneur nous invite donc à être actifs, attentifs les uns vis-à-vis des autres, à nous écouter les uns les autres, à nous assister les uns les autres.
Il est fidèle à Dieu
Dans la deuxième lecture, nous avons entendu le Christ dire : « Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté ». Jésus ordonne tout son agir en Dieu. Il veut voir le monde comme Dieu le voit. La première lecture le dit tout aussi bien : « il sera leur berger par la puissance du Seigneur ». C’est une invitation pour nous à conformer notre volonté à la volonté de Dieu, à agir comme Dieu commande : dans l’amour et le respect du prochain.
Il apporte la paix
Dans la première lecture, il est dit du Seigneur qui va naître qu’ « il sera la paix ». Cela veut dire que la paix fera son identité. Dans un monde où la paix est devenue illusoire, Jésus notre guide, notre berger, notre modèle, nous invite à pacifier nos relations, à apporter l’harmonie, la joie à notre cœur, et à nos frères et sœurs.
Cela est-il possible pour nous ?
Oui ! Regardons l’exemple que nous donne Marie :
1° Elle est énergique : l’évangile dit qu’elle « se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée ».
2° Elle est fidèle à Dieu : Elisabeth dit de Marie dans l’évangile : « Heureuse, celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur ».
3° Elle apporte la paix : Elisabeth dit également de Marie : « lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli au-dedans de moi ».
Si nous agissons comme Marie, comme elle nous serons bénis et vivrons en sécurité.
**Conte : « Le léopard voleur de cochons » (Contes de chez nous, Kinshasa : CRP, 1969, pp. 31-32).
Père Jean Claude Ciza
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