Aujourd’hui, nous célébrons le baptême de notre Seigneur. C’est une autre épiphanie, une manifestation de Dieu à travers son Fils que nous célébrons. Dans l’Évangile nous voyons Jean le Baptiste qui annonce la venue de celui qui est plus grand et plus fort que lui. Cette bonne nouvelle était déjà annoncée par le prophète Isaïe dans la première lecture. Ces textes ouvrent plusieurs fenêtres de réflexion sur notre vie chrétienne. Trois d’entre elles ont attiré notre attention :
Le baptême du Seigneur
Jean prêchait un baptême de conversion, il baptisait les pécheurs en leur demandant de se convertir. Or, Jésus n’était pas un pécheur, pourquoi alors est-il allé se faire baptisé par Jean ? Voilà une question que les fidèles posent souvent à leurs curés en paroisse. N’est-ce pas pour cette raison que Jean lui-même a hésité avant de baptisé le Messie, le Saint de Dieu ? Un Dieu qui descend dans l’eau des pécheurs et demande lui aussi à se faire baptiser ! Aucun peuple, aucun royaume, n’a jamais parlé des choses pareilles, même pas les polythéistes égyptiens ou romains. C’est quelque chose qui sort de l’ordinaire et même de l’admissible. Quelle réponse donner à cette question ? La réponse, elle est à chercher dans les Écritures: En demandant le baptême, Jésus précise sa vraie mission, ce pour quoi il est venu : Il montre qu’il est l’envoyé du Père venu sauver l’homme pécheur. Il rejoint le pécheur dans l’eau pour lui montrer que Dieu ne l’abandonne pas. Jésus entre humblement dans les eaux du Jourdain, sans péché et Il en ressort, porteur de tous les péchés du monde.
Ces péchés, il les prend sur lui car il veut nous en libérer. Ainsi, on peut dire que le baptême que Jésus a reçu n’est pas un baptême de conversion parce qu’il n’avait pas besoin de se convertir, mais plutôt un baptême de fraternité, de compassion et de purification. Il fraternise avec les hommes ses frères et leur montre que Dieu les aime malgré leurs péchés ; il leur témoigne la compassion, la miséricorde de Dieu pour le pécheur. Il montre que la puissance de Dieu dont parle la première lecture est en fait une puissance de la miséricorde, de l’amour.
La grande force de Dieu, sa Toute-Puissance, c’est sa miséricorde. Il n’est pas là pour bannir le pécheur, mais pour l’accueillir avec amour. C’est d’ailleurs ce que chante le Psaume de ce jour. Enfin, il purifie l’eau et à travers ce geste, il institue le baptême comme sacrement de pardon, de fraternité, de filiation même. En entrant dans l’eau du Jourdain, il ouvre sa grâce à tous les baptisés. Par conséquent, le baptême de l’Église efface le péché originel et fait de nous des enfants de Dieu. (Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n° 1223, 1224, 1225.)
Notre propre baptême :
Quand on parle du baptême du Seigneur, on rebondit nécessairement sur notre propre baptême. Écoutons cette interpellation du Pape Jean Paul II « France, fille aînée de l’Église, es-tu fidèle aux promesses de ton baptême ? » Voilà un discours mémorable et plus que jamais d’actualité, prononcée par le pape Jean Paul II le 1er juin 1980, au Bourget.
Mon frère, ma sœur, qu’as-tu fais de ton baptême et de tes engagements baptismaux ? Le saint Chrême avec lequel on t’a oint a fait de toi un prêtre. Cela exprime que tu es choisi par Dieu et tu es appelé à vivre en fils ou fille de Dieu. Est-ce que tu t’en souviens encore ? Si oui, est-ce que cela a de l’importance pour toi ? Tu as été choisi pour témoigner de l’amour de Dieu et pour répandre partout l’odeur du Christ prêtre prophète et roi, voilà pourquoi cette huile est parfumée. Te souviens-tu que le jour de ton baptême tu as renoncé à Satan, à ses joies et à ses sollicitations ? Voilà pourquoi on ne peut pas être chrétien baptisé et en même temps membre des mouvements ésotériques à caractère satanique. Et l’habit blanc que tu as reçu ? quelle couleur a-t-il maintenant aujourd’hui ? Et la lampe allumée ? Peux-tu dire que tu marches encore dans la lumière ? Qu’as-tu fait de ton baptême mon fils, ma fille ? Voilà la question que le Seigneur nous pose aujourd’hui.
La grandeur de Jean Baptiste
Il y a bien une chose que je loue chez cet homme. Il était plein d’humilité. Un homme qui savait s’effacer pour que l’autre grandisse. Un homme plein d’humanisme. Des hommes de cette trempe, on n’en trouve pas tous les jours, ils deviennent une denrée rare dans notre société d’aujourd’hui où chacun cherche à se tailler une petite place dans la cour des grands. Les hommes d’aujourd’hui veulent se faire voir, le « matuvuisme », ce vilain et inutile défaut nous a dominés. La vanité, la recherche de cette vaine gloire, a fait de nous des prétentieux, des individus qui ont une forte et excessive opinion d’eux-mêmes. Nous voulons nous faire remarquer partout et en tout.
Jean Baptiste nous apprend que la grandeur se trouve dans l’humilité, l’homme est grand quand il se fait petit, quand il s’efface. Ce qui fait la grandeur de cet homme, ce qui l’a rendu si grand entre les grands, c’est qu’il a mis l’humilité dans tout ce qu’il faisait. Alors que tout le monde le considérait comme le plus élevé de tous les grands, il a pointé l’autre, cet autre qui, en réalité, était le plus humble de tous, Jésus.
Concluons cette méditation en donnant quelques traits du baptême chrétien.
- D’abord le baptême est un sacrement de purification qui nous invite à renoncer au mal sous toutes ses formes, en particulier au diable qui en est l’auteur. Posons-nous la question de savoir si réellement nous sommes conscients qu’avec le sacrement du baptême nous sommes passés du régime du péché à celui de la grâce et que nous devons constamment chercher à nous libérer des entraves du mal ?
- Le baptême est une plongée dans le mystère trinitaire. D’après l’Évangile de Luc, les cieux se déchirent, l’Esprit descend sous forme d’une colombe et la voix du Père proclame que Jésus est son Fils bien-aimé. Par le baptême, tout chrétien, tout baptisé devient donc « fils bien-aimé du Père », « temple de l’Esprit », « frère de Jésus-Christ » ou encore « membre du corps du Christ ».
- Le baptême est une entrée dans l’Église. La porte d’entrée dans la vie chrétienne a toujours été associée au sacrement du baptême. C’est par lui qu’on devient fils de l’Église, membre du corps du Christ. C’est par le baptême que se constitue le peuple de Dieu
Ami baptisé, qu’as-tu fait de ton baptême ? as-tu réellement le désir de rompre avec le péché, ton péché personnel et de suivre Jésus sur le chemin qu’il te propose.
Frères et sœurs, dès demain nous commençons le temps ordinaire. Le baptême de Jésus est célébré à la fin du temps de Noël. Ce n’est pas un détail anodin, c’est pour montrer qu’un temps nouveau va commencer. L’humilité de Jean et Jésus, nous est proposée comme objet non seulement d’admiration, mais aussi d’imitation. Puissions-nous entrer dans ce temps ordinaire avec « humilité » comme mot parole d’or. Bonne fête à tous.
Abbé Jean Claude CIZA
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