2S, 2. 7-23 ; Ps 102 ; 1Co 15, 45-49 ; Lc 6, 27-38
En ce dimanche 7è du temps ordinaire, nous voulons méditer sur un thème un peu déroutant ; « l’amour des ennemis ». Un thème qui déroute. Après l’avoir écouter, il est normal d’éprouver un certain embarras. Effectivement, ce sont des paroles qui semblent posséder une étrange force d’attraction et qui brûlent. Aimer son ennemi ? Qui en est capable ? Et d’ailleurs, cela est-il raisonnable s’exclama un jour, un chrétien en pleine homélie du prêtre.
En fermant cette page de l’évangile, je voudrais chers frères et sœurs, no ? Au lieu de se résigner devant l’adversaire, ne vaut-il pas mieux lutter contre la violence et l’injustice ?
Avant de répondre à ces questions, posons la question de savoir « qui est mon ennemi ». Aussi, ne nous refugions pas trop vite derrière le prétexte facile que « nous n’avons pas d’ennemis » ! poussons encore la réflexion un peu loin et posons-nous cette question ; « sommes-nous certains d’aimer tout le monde et d’être aimés par tous ?
En effet, la liste des ennemis peut être très longue même pour nous chrétiens. Parfois à tord ou à raison, nous classons parmi nos ennemis, ceux qui nous sont antipathiques, ceux qui ont du mal à nous comprendre, ceux qui ont de la haine envers nous, ceux qui nous ont trahit, ceux qui affichent une hostilité envers nous, ceux qui nous persécutent et ceux qui ont le désir de nous mettre à mort….
Disons que souvent, nous ne choisissons pas nos ennemis ni les circonstances de l’hostilité ? Jésus dans son exhortation, va au-delà de la simple difficulté d’aimer que nous éprouvions, pour parler d’actions délibérées de l’ennemi : agression physique, vol prémédité, violation des droits…
Que nous recommande Jésus aujourd’hui ? Face à l’ennemi, Jésus demande d’abord de laisser faire, en ne rendant pas le mal pour le mal et en n’exigeant pas que justice soit faite. Bien plus, il nous exhorte à prier pour l’ennemi, en implorant pour lui le pardon de Dieu et la grâce de la conversion. Ce qui suppose que nous nous disposons nous-mêmes à lui pardonner et c’est cela l’essentiel. Le christ va encore plus loin en nous demandant de faire du bien à celui qui nous veut du mal, car c’est la seule manière efficace de rompre le cercle vicieux de la violence. La violence ne profite à personne. Il nous demande enfin de ne pas maudire, mais de bénir, en invoquant les faveurs divines sur celui qui veut notre perte. C’est là le problème et c’est seulement un homme qui connaît combien et comment Dieu l’aime et le pardonne, qui est capable de cette action. Une action qui va au-delà de nos forces. Jésus ne nous garantit pas que la non-violence ou l’amour de l’ennemi produira forcément sa conversion. Ce qui l’intéresse, ce n’est pas l’ennemi, mais plutôt le disciple auquel il promet une récompense, en l’invitant à imiter la miséricorde de son Père qui n’a pas des limites. Et c’est précisément dans cette dernière affirmation que réside toute la nouveauté de l’amour chrétien.
Chers frères et sœurs, l’amour humain est basé sur le mérite ; on n’aime que ceux qui méritent de l’être. De manière paradoxales, l’homme cherche dans l’autre la raison de l’aimer. Il en va tout autrement chez Dieu, qui trouve en lui-même la raison de nous aimer, sans aucun mérité de notre part. voilà pourquoi, le christ nous demande aujourd’hui de ne pas limiter notre amour au cercle réduit de ceux qui nous aiment.
L’amour des ennemis que nous pouvons appelé agapè est à distinguer de l’amour -amitié (philia) et de l’amour- passion (eros). Ce que le Christ nous demande de pratiquer aujourd’hui, c’est un amour non basé sur les sentiments mais plutôt sur la volonté, un amour qui ne répond pas à des motivations humaines mais correspond plutôt à un précepte divin.
Demandons, la grâce de savoir aimer comme le Christ, la grâce de bien pratiquer un tel amour qui nous vient de Dieu lui-même.
Pére Jean Claude Ciza
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