Dt 26, 4-10 ; Ps 90 ; Rm10, 8-13 ; Lc 4, 1-13
En ce premier dimanche de carême, le texte de l’évangile nous donne l’occasion de méditer sur la lutte contre le diable. Aujourd’hui dans notre monde, nous constatons deux phénomènes si pas deux croyances. Alors que les uns ne croient plus à l’existence du diable, pour les autres, il occupe toute la scène et envahit l’espace, de plus en plus large, que l’homme en quête de sensationnel, ne cesse de lui céder. S’il semble avoir disparu de certains environnements, c’est pour s’installer en roi dans d’autres milieux. Il se manifesterait à travers les possessions, les envoutements, les sortilèges et les transes, réels ou supposés.
Face à ces deux constants, il faut reconnaitre que le diable a réussi à dissimuler sa véritable identité sous le voile du silence ou du sensationnel. Mais qui est-il donc ?
Dans l’évangile de ce jour, nous pouvons découvrir qui il est en son vrai visage de tentateur et de corrupteur. Pour rappel, dans le Nouveau Testament, on le mentionne 37 fois comme un accusateur, un trompeur, diviseur, calomniateur, celui qui fait tomber. Il est rappelé également 36 fois sous le nom de « Satan » ou adversaire, ennemi. On le nomme encore « Belzébul » (7 fois), le « malin », « le prince de ce monde ». De ces considérations, l’existence du diable est une question à prendre au sérieux. En habile tentateur, il nous fait croire que nous pouvons obtenir davantage et mieux en nous passant de Dieu. Aussi, promet-il le plaisir, la réussite et le bonheur faciles à conditions que nous nous séparions du Christ !
Redoutable séducteur, il agit par la ruse plutôt que par la force. Saint nous averti en disant qu’il peut même se déguiser ne « ange de lumière » (2 Cor 11, 3-15). Cependant, le même diable peut également agir en terreur pour nous influencer ; il est « un lion rugissant » (1 Pi 5,8) qui essaie de pousser sa proie vers la tanière.
Il est le calomniateur, qui accuse Dieu devant l’homme et l’homme devant Dieu, en nous faisant croire que Dieu ne nous aime pas assez pour répondre à nos prières ou pour nous pardonner. En définitif, le diable est le « père du mensonge » (Jn 8, 44) qui utilise tous les moyens pour nous tromper. La technique du diable peut se résumer en trois astuces principales que nous retrouvons dans cette page de l’évangile.
- Faire passer le mal pour un bien. La tentation a toujours quelque chose d’alléchant. Le péché est toujours attirant, au point de départ, il procure ou promet de procurer un plaisir. C’est à cela que la tentation se distingue de l’épreuve car elle vise à la satisfaction d’un désir tandis que l’épreuve est une détresse qui pèse sur l’homme, la personne. Pour tenter l’homme, le diable fait miroiter aux yeux de l’homme des biens illusoires ; pour l’éprouver, il fait peser sur lui des souffrances écrasantes. Le but, reste le même, amener l’homme à se séparer de Dieu.
- Engager le dialogue en parlant d’un besoin de l’homme ; nourriture, honneur, pouvoir, bonheur… en fin stratèges, il transforme nos besoins légitimes en autant d’occasions de nous dresser contre Dieu, le Créateur ou de lui désobéir. Pour nous persuader, il va même jusqu’à puiser ses arguments dans la Parole de Dieu. Quelle ruse !
- S’insinuer dans l’esprit par la séduction et pousser à l’action par la passion. Après avoir séduit, il stimule et déchaîne en nous la passion. La tentation devient alors presque irrésistible.
Avant de nous proposer des voies pour résister à la tentation, voyons les trois convoitises du diable. Il y a la convoitise des biens matériels (changer les pierres en pain), la convoitise de succès facile (sauter du pinacle du Temple) et celle du pouvoir ( dominer la terre).
Terminons cette méditation en proposant quelques conseils pour résister à la tentation.
Le Christ nous rappelle trois armes :
- La promptitude ; ne jamais chercher à négocier avec le diable, ce perfide menteur. Pour résister à la tentation, il importe de couper court à toute insinuation, comme le fait le Christ en répondant de manière péremptoire, par trois fois, à ses pièges.
- L’amour inconditionnel pour Dieu. L’unique objectif poursuivit par le diable est de nous faire douter de l’amour de Dieu pour nous séparer de lui. On ne peut le vaincre qu’en affirmant notre option ferme pour le Seigneur.
- La vigilance dans la prière : le christ nous avertit en ces termes : « veuillez et priez pour ne pas tomber en tentation » (Mt 14,38). Il ajoute ailleurs : « revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir tenir ferme contre les ruses du diable » (Ep 6,11).
En ce début de ce temps de grâce, temps de carême, nous voici avertis. Que le Seigneur nous accorde la grâce de la vigilance pour savoir résister aux ruses du diable, le tentateur.
Abbé Jean Claude CIZA
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