Textes : Is 43, 16-21 ; Ph 3, 8-14 ; Jn 8, 1-11
Les lectures de ce cinquième dimanche de Carême, appelé dimanche des prophètes, nous introduisent au thème du salut.
Être sauvé, c’est échapper à une situation difficile, voire désespérée. C’est faire l’expérience d’une vie nouvelle. Dans la première lecture, du livre d’Isaïe, le Seigneur dit au peuple d’Israël : « Ne vous souvenez plus d’autrefois, ne songez plus au passé. Voici que je fais un monde nouveau : il apparaît déjà, ne le voyez-vous pas ? »
Comment Dieu nous sauve-t-il ?
A) Dieu nous sauve collectivement :
C’est l’expérience d’Israël comme peuple à la sortie de l’Égypte. Elle peut aussi être la nôtre comme communauté ecclésiale vivante, comme paroisse, comme familles. Quelles sont les difficultés que nous pouvons affronter, difficultés qui obligent le Seigneur à intervenir? C’est Isaïe qui nous en parle :
1° Il y a la mer et ses eaux puissantes : elles représentent l’accumulation des problèmes qui finissent par nous entourer de toute part de telle sorte qu’on devient incapable de voir comment s’en sortir. On a beau multiplier des réunions, des prières on ne trouve pas de solutions. Au contraire on s’enfonce davantage dans les eaux, on s’éloigne davantage des rives.
2° Il y a des troupes et des puissants guerriers : ce sont des personnes qui se disent influentes, elles peuvent être à l’intérieur des communautés ecclésiales vivantes, des nos familles ou dans nos services, comme à l’extérieur. Leur but est de prendre les gens en otage, de tuer toute réflexion et mener les gens là où elles veulent, bien souvent à la mort dans l’âme, au tourment, à la division.
3° Il y a le désert et les lieux arides : il s’agit de la sécheresse spirituelle, du vide de Dieu, du manque de modèles qui transforme les communautés, les familles en agrégats des personnes qui se côtoient, qui vivent ensemble sans vraiment se connaître, s’aimer ou s’estimer dans le Seigneur.
Que peuvent faire de nous ces difficultés ?
Selon les mots d’Isaïe, elles peuvent faire de nous des « bêtes sauvages », c’est-à-dire des gens agressifs voire sans direction. C’est là que le Seigneur intervient pour sauver, de sa propre initiative, ceux qu’il appelle « le peuple, mon élu ».
1° À travers la mer et les eaux puissantes, il va tracer une route, un sentier. C’est la lumière qui chasse les ténèbres, la raison qui triomphe sur les passions, la patience qui prend le dessus sur la précipitation.
2° Les troupes et les puissants guerriers, il va les éteindre, les consumer. C’est le recouvrement de la fraternité, de l’espérance, de la confiance.
3° Dans le désert, il fera couler de l’eau. C’est le retour de l’amour et de l’envie de vivre qui conduisent les personnes à rendre gloire à Dieu, à louer le Seigneur.
B) Dieu nous sauve aussi individuellement :
1° C’est là l’expérience de Saint Paul décrite dans la deuxième lecture, de la lettre aux Philippiens. Saint Paul modelait sa vie sur « l’obéissance à la Loi juive ». Mais Dieu l’a sauvé en lui montrant que c’est la foi au Christ qui sauve.
Nous aimons sans doute nos lois, nos coutumes. Loin de nous enfermer en elles, elles devraient être des chemins qui nous conduisent au Christ.
2° C’est l’expérience des scribes et des pharisiens dans l’évangile. Ils étaient venus accuser une femme auprès de Jésus. Mais ils se sont retrouvés eux-mêmes en position d’accusés : « Celui d’entre vous qui est sans péchés, leur dit Jésus, qu’il soit le premier à lui jeter la pierre ».
Nous aimons souvent voir les défauts des autres en ignorant les nôtres. Mais la rencontre avec le Seigneur nous aide à nous remettre nous-mêmes en question.
3° C’est l’expérience de la femme adultère. Elle est fragile et désarmée : « [Les scribes et les pharisiens] la font avancer, dit l’évangile ». A cause de ce qui lui est arrivé, elle ne peut opposer aucune résistance.
Nous aussi, nous avons sans doute des défauts ou des faiblesses qui nous rendent très petits aux yeux des autres ou de nos propres yeux. Mais pour Jésus, personne n’est sans dignité. C’est pour cette raison qu’après avoir placé chacun devant sa conscience, il dit à la femme : « Moi non plus je ne te condamne pas ». Jésus nous redonne notre humanité que ternissent nos péchés et les jugements des autres.
Pourtant Dieu ne nous sauve pas sans nous. Que devons-nous faire ? Nous devons nous mettre en route. Saint Paul dit aux Philippiens : « je poursuis ma course », « je cours vers le but ». A la femme adultère, Jésus dit : « Va ». C’est un appel à l’éveil spirituel.
A) À relativiser le bien de ce monde pour tout recentrer sur le Christ :
Saint Paul dit aux Philippiens : « frères tous les avantages que j’avais autrefois, je les considère maintenant comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ ».
–Comment est notre hiérarchie des valeurs ?
B) À éviter les péchés :
Jésus dit à la femme adultère : « désormais, ne pèche plus ».
-Est-ce que nous fuyons le péché ?
Demandons à Dieu la grâce de connaître le Christ pour que nous parvenions nous aussi, comme l’espère saint Paul, à ressusciter d’entre les morts. Demandons en plus, la grâce de ne jamais renfermer nos frères dans leurs péchés, leurs limites. Que Dieu sauve chacun de ce qui rend moins humain, qu’il sauve chacun de ce qui le plonge dans la condamnation, qu’Il fasse de chacun de nous un homme conscient de ses limites pour mieux pardonner aux autres.
Père Jean Claude Ciza