Is 50, 4-7 ; Ph 2, 6-11 ; Lc 22, 14-71 ; 23,1-56
La liturgie de ce dimanche des rameaux est marquée par l’évocation de deux faits apparemment contradictoires : l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem et le récit de sa passion. En unissant dans la même célébration ces deux événements pourtant bien distincts, l’Église cherche à nous rappeler que le règne du Christ n’a rien de triomphal ni de dominateur. Bien au contraire, c’est à travers son amour désarmé que le Seigneur nous a donné le salut. Son règne est un règne d’amour, d’humilité et de don total à l’humanité.
Le pape Benoit XVI, avait raison de dire que « la croix est le premier mot de l’alphabet de Dieu » car elle est l’unité de mesure de son amour. Alors que les uns n’y voient que barbarie et supplice, le croyant y décèle un signe de la prévenante miséricorde de son Dieu.
En mettant en parallèles les deux récits qui nous sont proposés en ce jour, on est forcément frappé par le violent contraste qui existe entre eux. D’un côté, Jésus entre à Jérusalem sous les ovations des disciples qui l’acclament comme roi ( Lc 19,35-38) ; de l’autre côté, il sort de la Ville Sainte en direction du calvaire sous les railleries de ses adversaires. Lors de son entrée « majestueuse », il est monté sur un âne, selon le prophète Zacharie 9, 9-10 ; sur la route du Golgotha, il portera une croix, signe suprême de la cinglante humiliation qui lui infligeront les autorités civiles et religieuses de son temps. Dans la Ville Sainte, il célébrera l’Eucharistie, en perpétuant sa présence sous les signes du pain et du vin ; devenus son Corps et son sang ; lors de la passion, il s’offrira en victime, précisément à l’heure où les premiers agneaux seront immolés dans le Temple. Dans le cortège festif qui l’accompagne à Jérusalem, ses disciples occupent les premiers rangs ; sur le chemin du Calvaire, ils le suivront de loin, bouleversés et ébranlés par les événements.
Chers frères et sœurs, un détail significatif de l’entrée à Jérusalem retient mon attention :la foule en liesse crie à pleine voix : « Béni soit celui qui vient, lui notre Roi ; au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux » ! Ce jour, comme le jour de Noel ; il s’agit d’un message de paix a Noel ; les anges crient « Paix sur la terre aux hommes qu’il aime » ! Pour saint Luc, au moment où commence la passion, la paix n’est qu’au ciel ; elle n’est plus sur la terre. A l’heure où les hommes condamnent le Fils de Dieu, la paix peut-elle encore régner parmi eux ?
En effet, sans le Christ, le prince de la paix, le monde ne peux pas avoir la paix. Mais aussi tout n’est pas sombre dans ce drame de la Croix. Une scène inédite et inattendue vient jeter une note d’espérance dans ce scénario tragiquement désolant. Il s’agit du dialogue émouvant entre Jésus et le « malfaiteur repenti ». Profondément impressionné par le mystérieux silence de cet homme innocent, condamné comme lui au plus cruel des supplices, il lève vers lui un regard plein de regret pour prononcer les derniers mots de sa vie d’homme. : « souviens-toi de moi ». Et le Christ lui promet le paradis, sans délai : « aujourd’hui tu seras avec moi dans le Paradis ». Son repentir lui vaut ce qu’il était bien loin d’espérer, au regard de sa vie passée.
Bien aimés de Dieu, dans cet homme qui agonise aux côtés du Fils de Dieu, j’aime voir l’image des croyants que nous sommes. Notre salut, nous le devons seulement à la miséricorde de Dieu si nous nous tournons vers lui, le juste condamné injustement. Il est bon de nous le rappeler au début de cette semaine sainte. Nous avons tous besoin de la miséricorde de Dieu. Qu’Il nous l’accorde maintenant et pour toujours.
Père Jean Claude Ciza
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