Ex 12, 1 … 14 ; 1Cor 11, 23-26 ; Jn 13, 1-15
Nous célébrons la Cène du Seigneur ! Nous entrons aujourd’hui dans le « Triduum pascal » qui constitue le sommet de toute l’année liturgique. Au cours de ces trois jours de célébrations particulières, nous allons revivre avec piété et reconnaissance l’événement central de notre foi, à savoir la mort rédemptrice du Christ : sa passion et sa résurrection. Ce Jeudi Saint, les lectures de la célébration nous invitent à méditer sur l’amour de Dieu pour nous.
Dans l’évangile, saint Jean écrit : « Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout ». Avant de passer de ce monde à son Père, Jésus pérennise sa présence et son œuvre en confiant à ses disciples les trois grands trésors qui, au long des générations, alimenteront la vie de l’Église : l’Eucharistie, le sacerdoce et l’amour.
*Comment cet amour se donne-t-il à l’homme ? Il se donne comme une nourriture, un aliment. Le thème du repas traverse les trois lectures.
*Pourquoi le choix de ce thème du repas ? Parce que la nourriture participe à la croissance du corps. On peut même dire qu’elle est le moteur de la croissance. La personne qui ne mange pas dépérit.
La nourriture est très importante à la croissance de l’homme. On ne saura jamais exagérer son importance. Il en va de même dans la vie spirituelle. Jésus se donne à nous en nourriture pour notre croissance spirituelle. Il a institué des prêtres dont c’est aujourd’hui la fête pour perpétuer sa donation aux hommes qui sont l’objet de son amour total.
*Quelles sont les caractéristiques de cet amour ? Cet amour est libération et service.
1° Libération : comme libération, il nous fait passer de ce monde au monde de Dieu.
Dans la première lecture, du livre de l’Exode, nous avons entendu ce qui suit : « Dans le pays d’Égypte, le Seigneur dit à Moïse et à son frère Aaron ».
L’Égypte symbolise les puissances de ce monde. L’Égypte fut en effet la plus grande puissance de l’Antiquité.
Dieu nous parle à partir de notre Égypte, de notre situation présente, de ce qui nous séduit, qui fait notre orgueil et notre puissance, mais qui en fait ne constitue qu’un frein à notre progrès spirituel. Pouvons-nous dire, qu’Il nous parle à travers cette situation chaotique qui ébranle les grandes puissances aujourd’hui ?
Chacun de nous devait se demander : quel est mon pays d’Égypte d’où Dieu me parle ? D’où il veut me libérer pour que je lui sois totalement consacré à lui?
Le jour de notre libération constitue pour nous un point de départ radical : « Ce mois-ci sera pour vous le premier des mois, il marquera pour vous le commencement de l’année », lisons-nous dans le livre de l’Exode.
Cela signifie pour nous que se convertir, c’est tourner la page, c’est commencer une nouvelle histoire.
Sommes-nous prêts, suis-je prêt à tourner la page de ma vie passée ? De mes habitudes ? De mes préjugés ?
*Oui !
– Si nous comprenons l’urgence de cette conversion : « Vous mangerez en toute hâte : c’est la Pâque du Seigneur ». Comme pour l’appel des disciples, on ne remet pas la conversion au lendemain, à plus tard.
– Si nous acceptons de tourner la page. Alors le Seigneur traversera notre pays d’Égypte pour y détruire ce qui nous empêche d’être libres pour lui. Dieu nous aidera à être pour lui avec nos frères croyants.
2° Service : cet amour est service, c’est-à-dire détachement, donation de soi pour que les autres, tout le monde, aient la vie de Dieu. C’est pour que Jésus, pourtant le Maître, s’humilie, se dépouille de sa grandeur pour laver les pieds de ses disciples, faisant les gestes d’un esclave. Par ce geste, Jésus nous rappelle que l’amour, sommet de la vie chrétienne n’a pas de meilleure expression que le geste désintéressé du service. Jésus va vers ses frères et nous demande d’aller nous aussi vers les hommes nos frères et sœurs : de voir la misère du monde, d’entendre le cri de ceux qui souffrent, de soulager nos frères. Ce Jeudi Saint est spécial pour le monde entier et cet appel est d’actualité. C’est une occasion pour partager avec nos frères et sœurs exilés à cause de la guerre.
On ne peut pas appartenir au Seigneur et en même temps s’enfermer sur soi. Notre sacerdoce commun par le baptême ou ministériel par l’ordination nous pousse vers les autres. Et pas des prétextes, de débats inutiles comme l’a fait Pierre pour retarder notre disponibilité !
D’où les questions : est-ce que nous aimons faire des calculs sur comment vivre mieux en exploitant les faiblesses des autres ? Ou est-ce que nous sommes prêts à vivre pour les autres afin d’imprimer l’amour de Dieu dans les cœurs des hommes et des femmes de notre temps ?
Voilà le message que nous devons transmettre aux autres croyants comme l’a fait saint Paul : « Frères, moi, Paul, je vous ai transmis ce que j’ai reçu de la Tradition qui vient du Seigneur ». Nous recevons l’amour de Dieu pour le donner !
À l’heure où nous commémorons l’institution de l’Eucharistie, il serait opportun que nous nous posions quelques questions :
- Suis-je en état de grâce pour communier ? Y a-t-il encore dans ma vie des idoles qui me retiennent loin de Dieu ?
- Suis-je en communion avec mes frères ?
- Suis-je disposé, comme le Christ, à me mettre au service de mes frères et sœurs, par une vie entièrement donnée ?
Abbé Jean Claude CIZA
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