Ac 5, 12-16 ; Ap 1, 9-19 ; Jn 20, 19-31
En ce deuxième dimanche de Pâques, les lectures nous introduisent au thème de l’unité. Mais qu’être unis ? Quand est-ce qu’on peut de dire des gens qu’ils sont unis ?
Être uni, c’est plus que vivre ensemble, car ceux qui se côtoient aussi vivent ensemble. Être uni, c’est sentir ensemble, avoir une même vocation, partager un même idéal. Ceux qui sont unis se supportent, se tolèrent, s’entraident, s’encouragent, se conseillent. Au contraire, ceux qui ne sont pas unis ou qui refusent d’encourager l’unité là où ils vivent, ouvrent les portes aux tensions, aux conflits, à la ruine.
Dans la première lecture, des Actes des Apôtres, il est dit que « Tous les croyants, d’un seul cœur, se tenaient sous la colonnade de Salomon ». Tous, d’un seul cœur, sous la colonnade de Salomon, c’est-à-dire agrippés à la sagesse, à la vérité.
Et nous, qu’est-ce qui nous unit, si nous sommes seulement unis ? Des intérêts égoïstes, partisans ou la sagesse et la vérité ?
Dans la deuxième lecture, nous avons entendu Jean se définir comme « frère » et « compagnon ». Un frère, c’est celui qui est sorti du même ventre que moi. Et un compagnon, c’est celui avec qui je partage le même pain. Ce même frère est un « prochain » nous dit le pape François. Ce sont là des liens très forts. C’est pour cela que Jean ajoute qu’il est uni aux autres dans tant dans la persécution que dans la royauté que dans l’endurance. Cette notion de la fraternité est aujourd’hui soutenue à haute voix par le pape François dans son encyclique « frateli tutti », quand il insiste sur la fraternité universelle.
Rien ne peut vraiment séparer des gens qui ont la volonté d’être unis : ni les souffrances, ni les richesses. Peut-on dire cela de nous ?
Mais l’on peut se demander : « d’où vient l’unité des croyants ? Quelle est sa source ? L’évangile nous montre qu’elle vient de Jésus. En effet, après la mort de Jésus, les disciples n’allèrent pas seulement s’enfermer à cause de la peur d’être persécuter par les Juifs. Ils eurent aussi du mal à garder l’unité. Lorsque Jésus apparut pour la première fois au milieu d’eux, nous dit l’évangile, Thomas n’était pas présent. Son nom signifie portant « Jumeau », c’est-à-dire quelqu’un qui est lié à un autre. Mais il a vécu justement de la manière opposée ! Revenu dans la communauté, il a mis à mal le témoignage des autres. C’est un signe de manque de foi, révélateur des conflits.
Aussi Jésus, pour rétablir ses disciples dans l’unité, il va leur faire don de deux choses :
La paix : à trois reprises, on rencontre dans l’évangile cette expression : « La paix soit avec vous ! ». Nous aussi, nous avons besoin de paix dans nos cœurs, dans nos familles, dans nos communautés, dans notre pays. Nous avons besoin d’être rassurés par le Seigneur. Aujourd’hui, il dit aussi à nous, à chacun de nous : « La paix soit avec vous ! ».
L’Esprit : Jésus dit à ses disciples : « Recevez l’Esprit. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus ». Sans l’Esprit de Dieu, nous sommes incapables de pardonner, et sans pardon il n’y a pas de communauté véritable. Il y a sans doute quelqu’un à qui nous devons aujourd’hui, voire ici même dire : « Je te pardonne ». Aujourd’hui, Jésus nous en donne la force par son souffle.
Lorsqu’on a Jésus, on est uni et les manifestations de l’unité se donnent à voir :
La joie : dans la première lecture, il est dit qu’« un Fils d’homme » apparut à Jean dans une vision, le toucha et lui dit : « Sois sans crainte ». Et dans l’évangile, il est dit : « Les disciples furent dans la joie en voyant le Seigneur ». Nous devons expérimenter cette joie en nous et la répandre autour de nous.
Les prodiges : dans l’évangile, on apprend que « par les mains des Apôtres, beaucoup de signes et des prodiges se réalisaient dans le peuple ». Si nous sommes unis au Christ et entre nous, nous ferons beaucoup de biens autour de nous par nos paroles ou par notre comportement.
C’est seulement de cette manière que nous pouvons mériter l’éloge de notre entourage et attirer les gens à la foi. C’est ce qui est dit des Apôtres dans la première lecture : « tout le peuple faisait leur éloge, et des hommes et des femmes de plus en plus nombreux adhéraient au Seigneur par la foi ».
Demandons au Seigneur la grâce de l’unité nourri par l’amour mutuel et soutenue par la joie des baptisés. Que le Christ Vivant et Miséricordieux donne à nos familles, à nos communautés, à nos pays en ce dimanche de la miséricorde ; la grâce de vivre dans l’unité, le pardon, et l’amour véritable. Qu’il nous pardonne et nous réconcilie les uns envers les autres !
Père Jean Claude Ciza
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