Ac 5, 27-41; Ap 5, 11-14; Jn 21, 1-19
Les lectures de ce troisième dimanche de Pâques nous invitent à méditer sur le thème du témoignage.
Dans son Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, sur l’évangélisation dans le monde moderne, publié le 8 décembre 1975, le pape Paul VI a écrit au numéro 41 ce qui suit : « […] pour l’Église, le témoignage d’une vie authentiquement chrétienne, livrée à Dieu dans une communion que rien ne doit interrompre mais également donnée au prochain avec zèle sans limite, est le premier moyen d’évangélisation. “L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres […] ou s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins” ». Voilà comment s’exprimait le pape. Mais que veut dire être un témoin ? Être un témoin, c’est être capable de certifier ce qu’on a vu ou entendu.
Devant le grand conseil qui faisait passer les Apôtres en jugement, nous dit la première lecture, Pierre et les Apôtres répondirent au grand prêtre : « Quant à nous, nous sommes les témoins de tout cela ». Ce dont ils sont les témoins, nous tous, comme croyants, nous devons l’être. De quoi donc ?
A) D’abord, de la résurrection de Jésus : durant la messe de la Veillée pascale, nous avons fait allusion à saint Paul qui disait aux Corinthiens : « […] si Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi votre foi » (1 Co 15, 14). Et dans la première lecture, Pierre et les Apôtres disent au grand prêtre : « Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus que vous aviez exécuté en le fixant sur une poutre de bois ». Nous vivons dans un monde pervers qui génère la mort, qui invente des méthodes, les unes plus sophistiquées que les autres, pour donner la mort. Par sa résurrection, le Christ affirme la victoire de la vie sur la mort, il montre que la mort n’a pas le dernier mot.
La première lecture raconte que les Apôtres, après avoir été fouettés, furent relâchés, après avoir été humiliés, partirent tout joyeux. D’où vient cette énergie dont ils font preuve? Du Christ dont Pierre et les Apôtres disent: «C’est lui que Dieu, par sa puissance, a élevé en faisant de lui le Premier, le Sauveur». Nous traversons peut-être des moments d’humiliation dans nos familles, dans notre travail, dans nos études, dans nos rapports avec nos amis, nos voisins ou nos autorités, mais Pierre et les Apôtres nous rassurent que le Christ est vivant et il nous sauve. Notre joie profonde, en vérité, personne ne pourra nous la ravir.
B) Ensuite, de notre conversion : après la résurrection du Christ, nous dit le livre des Actes des Apôtres, les gens demandèrent à Pierre et aux Apôtres : « Frères, que devons-nous faire ? » Pierre leur répondit : « Repentez-vous […] ? Sauvez-vous de cette génération dévoyée » (Ac 2, 37, 40). Et dans la première lecture, du même livre des Actes des Apôtres, Pierre et les Apôtres disent au grand prêtre que « [Jésus est venu] apporter à Israël la conversion ». A cause du Christ, la conversion devient un impératif. En effet, nous sommes mécontents de voir autour de nous des actes d’injustice, des gestes qui génèrent la mort. Mais nous sommes peut-être nous-mêmes partie prenante de ces actes, de ces gestes. Nous avons tous besoin de la conversion, de changer quelque chose qui ne marche pas dans notre vie.
La résurrection de Jésus n’a vraiment de sens pour nous, d’effet pour nous que si nous consentons à nous mettre en route, à changer, à nous convertir : du mal vers le bien, de l’injustice vers la justice, du mensonge vers la vérité, de la violence vers la paix, du mépris vers l’accueil, de la malhonnêteté vers l’honnêteté, de la mort vers la vie. Si le Christ se manifeste à nous comme il s’est manifesté aux Apôtres au bord du lac de Tibériade, c’est pour que nous venions au jour. Pierre et les Apôtres nous témoignent de cela et nous invitent nous aussi à en être les témoins.
C) Enfin, du pardon des péchés : dans les évangiles, on rencontre cette phrase de Jésus : « Tes péchés te sont pardonnés ». Et dans la première lecture, Pierre et les Apôtres disent au grand prêtre : « [Jésus est venu] apporter à Israël la conversion et le pardon des péchés ». Le monde vit dans le mal, dans le péché. Il est malade. Pierre et les Apôtres rassurent les croyants que l’homme n’a pas pour origine et pour fin le mal, mais Dieu qui est le Bien suprême. Chez Corneille, Pierre, selon le livre des Actes, a eu les mots suivants à propos de Jésus : « Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient tombés au pouvoir du diable » (Ac 10, 38). Au nom de Dieu, Jésus nous pardonne nos péchés, tous nos péchés, et nous donne ainsi la guérison. Soyons aussi prêts à pardonner les autres, à nous pardonner mutuellement pour nous donner la vie qui vient de Jésus. Maintenant, nous pouvons nous poser une autre question : comment devons-nous vivre le témoignage au Christ ?
1° Premièrement dans l’obéissance : Pierre et les Apôtres ont répondu au grand prêtre qui leur interdisait de parler de Jésus qu’« Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». Et que Dieu a donné l’Esprit Saint à ceux qui lui obéissent. Dans l’évangile, on voit les Apôtres obéir à l’ordre de Jésus de jeter le filet à droite de la barque. Obéir à Dieu, c’est accepter de se lever au-dessus des intérêts partisans pour tout apporter à Jésus et en retour tout recevoir de lui.
-Est-ce que nous écoutons vraiment Dieu ?
2° Deuxième dans l’amour : dans l’évangile, Jésus demande une première fois à Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus ceux-ci ? » Puis une deuxième fois : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Et enfin une troisième fois : « Simon, fils de Jean, est-ce que tu m’aimes vraiment ? ». Sans l’amour, on ne peut rien avoir de beau dans le monde. Et si l’on n’aime pas le Christ, on ne peut pas aimer sincèrement, honnêtement les hommes.
-Est-ce nous aimons vraiment le Christ ?
Demandons à Dieu de nous rendre dignes de proclamer avec les autres créatures, selon la vision de saint Jean: « A celui qui est assis sur le Trône, et à l’Agneau, bénédiction, honneur, gloire et domination pour les siècles des siècles ».
Père Jean Claude Ciza
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