Ac 1, 1-11, Ps 46 ; Ep 1,17-23 ; Lc 24, 46-53
Nous célébrons aujourd’hui l’Ascension de notre Seigneur au Ciel. En lisant les textes de ce jour, nous sommes portés à méditer sur le thème du témoignage. Que veut dire témoigner ? Témoigner veut dire « dire de quelqu’un ce qu’on a vu ou entendu de lui ».
Mais le témoignage chrétien va au-delà du dire. Il demande de traduire dans sa propre vie ce qu’on a vu ou entendu du Christ. Un vrai croyant est un « Théophile », c’est-à-dire un ami de Dieu, quelqu’un qui montre dans sa manière d’être que Dieu nous aime, que nous pouvons l’aimer et nous aimer les uns les autres.
En effet, l’ascension selon Luc est un événement qui, loin d’attrister les disciples, les remplit plutôt de joie ; un tel sentiment d’allégresse, à l’heure de la séparation, a certainement un sens. Effectivement, c’est au moment où le Christ disparait à leurs yeux, que les disciples comprennent réellement ce qui est advenu le jour de la résurrection, à savoir son « entrée triomphale dans la gloire du Père.
L’ascension est donc la manifestation visible de ce qui s’est réalisé le jour de Pâques. « A Noel et en Jésus, écrit L. Gagnebin, Dieu descend vers l’homme ; à l’ascension et en Jésus, l’homme est élevé à Dieu ». Aussi saint Augustin affirme que l’Ascension est la fête de l’espérance parce qu’elle nous introduit avec le Christ dans la gloire de Dieu. Il reste cependant que l’Ascension est également pour les disciples, le moment de leur envoi définitif en mission. Sur ce point, le passage des anges rapporté par les Actes des apôtres est sans équivoque : l’heure n’est plus à la nostalgie et aux rêvasseries devant la voûte céleste. Il faut, à présent, avec courage et persévérance, porter la joyeuse nouvelle aux quatre coins du monde. Allez témoigner de ce qu’on a vu et entendu.
Il n’est sans doute pas banal de préciser que le dernier geste de Jésus, rapporté par saint Luc dans son évangile, est une bénédiction ; un geste qui nous rappelle celui du prêtre sur l’assemblée eucharistique avant le renvoi final. Ceci signifie que toute « commémoration de la Pâques » s’achève par un envoi en mission dans le monde, avec l’assurance que le Christ lui-même est avec nous, jusqu’à la fin des temps. Ne l’oublions-nous pas souvent ?
En voyant le monde aujourd’hui, nos églises bondées de monde le dimanche, nous pouvons nous exclamer en ces termes : « comme ils sont nombreux les chrétiens » ! puis, nous interroger devant certaines situations sociales répugnantes et scandaleuses que traverse nos sociétés:
« Où donc sont les chrétiens » ? où donc sommes-nous alors que le monde s’enfonce dans l’incohérence, victime de manipulations multiformes et d’ambitions démesurées ? où sont les chrétiens de nos instances de décision alors que la loi continue d’être taillée sur mesure pour protéger des intérêts sordides ? où sont les chrétiens de nos tribunaux alors que la justice se vend au plus offrant et que le pauvre est sacrifié sur l’autel des convoitises ? où sont les chrétiens du monde politique alors que la corruption s’étale à tous les niveaux et que les rivalités sont attisées sans scrupules par des marchands de charogne ? où sont les chrétiens de nos médias alors que la vérité est constamment bâillonnée, l’immortalité exhibée sans retenue et que le jeu éhonté de l’intoxication dépersonnalise nos sociétés ? où sont les chrétiens de nos institutions éducatives alors que la médiocrité se travesti en culture et que les valeurs fondamentales sont foulées aux pieds ? Un auteur n’a-t-il pas raison d’écrire que « nous avons déserté le lieu de nos combats ? »
Bien chers frères et sœurs, que l’ascension soit pour chacun de nous l’occasion d’un nouvel engagement au nom de notre foi au Christ ressuscité.
Père Jean Claude Ciza