Ac 2, 1-11 ; Ps 103 ; Rm 8, 8-17 ; Jn 14, 15-16. 23-26
Les lectures de cette solennité, dans la diversité de leur style et la richesse de leur message, nous introduisent dans le mystère de celui dont saint Ignace de Laodicée disait avec enthousiasme ceci : « sans l’Esprit Saint, Dieu est lointain, le Christ reste dans le passé, l’Évangile est lettre morte, l’Église une simple organisation, l’autorité une domination, la mission une propagande, le culte une évocation et l’agir chrétien une morale d’esclaves. Mais en lui : le cosmos est soulevé et gémit dans les douleurs d’enfantement du règne, le Christ ressuscité est présent, l’Évangile est puissance de vie, l’Église est communion trinitaire, l’autorité est service libérateur, la mission est Pentecôte, la liturgie est mémorial et anticipation, l’agir humain est déifié ».
Un vieux prêtre répondant à un petit enfant qui prononçait porte-clés à la place de Paraclet pour parler de l’Esprit saint dit ceci : « Mon enfant, l’Esprit Saint n’est pas notre porte-clés, mais plutôt notre Paraclet, c’est-à-dire : notre Consolateur, avocat et Défenseur ». Il n’est pas un « porte-clés » mais plutôt la clé qui nous introduit dans le mystère de Dieu. Cette réponse du prêtre résume en quelque sorte la pensée de saint Ignace de Laodicée et explique clairement l’Évangile d’aujourd’hui.
En effet, le récit de l’effusion de l’Esprit, que nous livre saint Luc dans les actes de Apôtres est riche en symboles et frémissant de faits prodigieux. Nous retenons quatre.
La première référence fait mention de 50 jours. Ici, la Pentecôte a lieu 50 jours après la résurrection, précisément au moment où les juifs commémoraient le don de la loi sur le Sinaï. Ici, on comprend que tout comme la loi mosaïque a transformé en Peuple de l’alliance des tribus hétéroclites d’esclaves affranchis, de même l’Esprit fait des disciples timorés et désemparés, une Église de témoins intrépides. Grâce à l’Esprit Saint, les disciples brûlés intérieurement par son feu, sortent du cénacle, où la peur les avait enfermés. Voilà pourquoi, nous l’appelons avec raison : le libérateur.
La deuxième référence c’est l’unité dans la diversité. Surprises et émerveillées, les foules accourues de partout, entendent, chacun dans sa propre langue, le message proclamé par les apôtres. L’enseignement ne laisse aucun doute : c’est l’Esprit qui fait de tout homme un « concitoyen du Christ ». C’est l’Esprit qui crée la communion au-delà des différences, il introduit tous les peuples de la terre au cœur de la vie de Dieu.
La troisième référence : les charismes répandus à profusion pour la « mondialisation » de l’Évangile. Ici, dans ce récit, plusieurs manifestations prodigieuses de l’Esprit sont signalées : le don des langues, l’exultation, le courage d’annoncer l’Évangile. C’est l’expression des charismes. A ce propos, il faut rappeler le conseil de « 3 D » qu’un prêtre disait à ses paroissiens. Il faut apprendre à les découvrir, les discerner et les discipliner. Cela signifie que chacun de nous, sans confusion, doit chercher à découvrir les charismes spirituels que Dieu nous a accordés, discerner leur authenticité et discipliner leur exercice en se fixant comme objectif le bien de l’Église et la croissance dans l’amour.
Enfin le quatrième indice : les dons de l’Esprit pour une vie nouvelle. Sachons-le, les charismes ne viennent pas remplacer les dons de l’Esprit saint auxquels l’enseignement traditionnel de l’Église nous a habitués. En réalité, les uns et les autres sont accordés par le même Esprit même si, de manière schématique, on peut relever entre eux quelques différences. En effet, alors que les 7 dons de l’Esprit sont identiques pour tous, permanents et visent à notre sanctification, les charismes sont plutôt variés, souvent temporaires et destinés à l’édification de l’Église. Il est alors évident que celui qui limite sa vie spirituelle uniquement aux charismes ou aux dons de l’esprit s’appauvrit inévitablement et appauvrit l’Église.
Chers frères et sœurs, en cette fête de la solennité de la pentecôte, demandons à l’Esprit Saint de réveiller en nous ses charismes, ses dons, ses vertus et ses œuvres.
Père Jean Claude Ciza
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