2S 12, 6-10.13 ; Ps 31 ; Ga 2, 16. 19-21 ; Lc 7, 36-50.8.1-3
Aujourd’hui, deuxième dimanche après la Pentecôte, et le dimanche qui suit la Sainte Trinité, nous célébrons la fête du Saint Sacrement du corps et du sang du Christ. Cette fête qui nous rappelle le Jeudi Saint où Jésus fait don de son corps et de son sang au monde, est la fête par excellence de la communion : communion avec Dieu, communion avec le Christ et communion les uns avec les autres.
Nous voyons dans l’évangile cette foule qui est venu rencontrer Jésus. Ils l’avaient suivi sans calcul ni prévision dans ce lieu inhospitalier ? On dirait qu’ils avaient tout oublié même leurs besoins les plus élémentaires, pour ne regarder que vers Jésus. De l’autre côté, nous voyons les apôtres qui, sentant arriver le désastre, prennent les devants en conseillant à Jésus de renvoyer les foules avant qu’il ne soit trop tard. Ils pourraient, avec un peu de chance, trouver encore de quoi tromper leur faim dans les hameaux voisins. On dirait que c’était plus sage la proposition des apôtres, de congédier la foule pendant qu’il en est encore temps, pour que chacun se débrouille, comme il peut. Mais la réaction de Jésus surprend tout le monde.
En effet, en les laissant partir à la recherche du pain, Jésus aurait donné aux foules la désagréable impression qu’il n’est venu s’occuper que de leur esprit. En réalité, quand Dieu accueille l’homme, Il le prend tout entier, corps et âme. Il ne le renvoie pas « à jeun » pour qu’il trouve tout seul les solutions à ses problèmes.
Dans ce récit captivant, chaque détail mérite d’être souligné. Retenons cependant quelques éléments bien suggestifs de ma part, qui illustrent merveilleusement la pédagogie divine, manifestée par Jésus.
Tout d’abord avant le miracle, il y a eu une mise en commun. Nous avons tendance souvent à passer trop vite sur ce premier point du récit. Le Christ a voulu se servir des pains mis à sa disposition par les disciples. On dirait que c’est la générosité de l’homme qui a rendu possible ce prodige divin. Voilà une tâche noble de l’Église, représentée ici par les disciples : susciter la générosité au cœur de la société, apprendre aux hommes à donner ce qu’ils ont.
En plus, avant de partager le pain, il y a eu l’action de grâce : « Jésus prit les pains, leva les yeux vers le Ciel et les bénit » (Lc 9, 16). Le premier geste de Jésus est de regarder vers le Ciel, vers le Père pour rendre grâce, dire merci, bénir le nom du Père et implorer sa bonté. Quelle leçon pour nous de gratitude et de confiance pour notre monde qui ne sait plus lever les yeux vers le ciel !
Troisièmement, avant la multiplication des pains, il y eut leur division. Curieusement, c’est dans le geste du partage que s’accomplit le prodige de la surabondance. On ne multiplie les dons qu’en les divisant. Peu importe la quantité à notre disposition et l’ampleur de l’enjeu à relever. Qui ne partage pas s’appauvrit, qui donne s’enrichit. Curieuse logique du don et de la grâce.
En plus, avant la dispersion des foules, il y eut le recueil des morceaux restants. Sur la recommandation du Christ, les disciples ramassent dans douze paniers les pains restants. Au-delà du symbolisme du nombre, qui rappelle les douze tribus d’Israël et les fondements de l’Église, l’enseignement est clair : les dons de Dieu sont précieux ; il ne faut pas les gaspiller. Par ce fait, ce récit annonce implicitement l’Eucharistie. Les verbes utilisés par saint Luc, pour décrire l’événement le suggèrent fortement : Jésus prend les pains, lève les yeux vers le ciel, les bénit, les rompt et les donne, exactement comme il le fera plus tard, la nuit du Jeudi Saint.
En cette fête, prions pour les prêtres qui, nous donne ce pain de vie ; qui malgré leurs faiblesses, leurs mains de pécheur tiennent chaque jour le corps de notre Sauveur pour guérir nos trahisons et nous libérer de nos prisons. Que ce pain qui donne l’éternité, la vie de Dieu à l’humanité s’unisse à notre vie de chaque jour pour nous combler de son amour infini.
Père Jean Claude Ciza
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