1 R 19, 16-21 ; Ga 5, 1-18 ; Lc 9, 51-62
Les lectures de ce treizième dimanche du temps ordinaire nous parlent de l’appel. Le mot appel recouvre beaucoup de réalités. Il peut s’agir d’une vérification de présence, d’une proclamation d’un résultat, d’une invitation à se joindre à un événement ou d’une convocation à laquelle on ne peut se dérober.
Tout appel exige au moins trois éléments : a) celui qui appelle ; b) celui qui est appelé (entre les deux, on peut avoir des intermédiaires pour que l’appel aille du premier au second) ; c) enfin ce pour quoi on est appelé.
Les lectures nous apprennent que c’est Dieu qui appelle. Il prend l’initiative de s’approcher de l’homme pour que l’homme entre en dialogue avec lui, découvre le projet qu’il a pour l’humanité.
Dans la première lecture ; du livre des Rois, nous découvrons la vocation d’Elisée que Dieu appela par l’intermédiaire d’Elie. Et dans l’évangile, tiré de saint Luc, Jésus appelle des gens à s’associer à lui.
Est-ce que nous sentons la proximité de Dieu dans notre vie ? Est-ce que nous entendons l’appel qu’il nous adresse ?
En fait, à quoi Dieu nous appelle-t-il ?
Dieu nous appelle à la liberté :
Écrivant aux Galates, saint Paul dit : « Vous avez été appelés à la liberté ». A un homme qui lui dit de vouloir le suivre partout, Jésus répondit, nous raconte l’évangile : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais les Fils de l’homme n’a pas où reposé sa tête ».
C’est en effet en chemin qu’a eu lieu cette rencontre. Jésus est un homme libre, libre de tout attachement qui ferait obstacle à la réalisation du Règne de Dieu. Il nous invite nous aussi à vivre dans la liberté.
Il veut nous voir libres des attaches familiales, tribales, ethniques, raciales qui nous empêchent d’être ouverts aux autres, qui nourrissent en nous la peur des autres. Bien souvent nous sommes comme Elisée qui dit à Elie : « Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, puis je te suivrai ». Ou comme cet homme qui dit à Jésus : « Permets-moi d’abord d’aller enterrer mon père ». Ou comme cet autre qui dit également à Jésus : « Je te suivrai Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison ».
Ce sont-là nos prétextes, nos plis et replis pour ne pas ouvrir nos cœurs aux dimensions du monde. Mais aujourd’hui Jésus nous bouscule : « Laisse les morts enterrer les morts. Toi, va annoncer le Règne de Dieu ». Ou encore, « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière, n’est pas fait pour le Royaume de Dieu ».
Jésus veut nous voir libres des attaches personnelles qui nous font d’abord rechercher ce qui nous plait. Dans sa lettre aux Galates, saint Paul appelle cela « les chaînes de votre ancien esclavage », « votre égoïsme », les « tendances égoïstes de la chair ». Aujourd’hui, le monde est pris en otage par les tendances égoïstes qui sont à l’origine des guerres partout. Soyons libres et renonçons à nos intérêts égoïstes pour répondre librement à l’appel du Seigneur. Bien souvent, nous nous prenons pour la mesure du monde et de tout. Nous avons tendance à justifier nos fautes, nos défauts, nos vices, nos péchés. Mais aujourd’hui, Jésus nous bouscule par l’entremise de saint Paul qui écrit aux Galates : « Je vous le dis : vivez sous la conduite de l’Esprit ».
Dieu nous appelle au service
En nous libérant de nos attaches familiales, tribales, ethniques, raciales et personnelles, Dieu nous tourne vers lui-même et vers les autres.
Dans la première lecture, il est dit d’Elisée qu’il « se leva, partit à la suite d’Elie et se mit à son service ». Par le truchement d’Elie, Elisée était bel et bien au service du Seigneur qui avait dit à Elie : « Tu consacreras Elisée, fils de Chafate, comme prophète pour te succéder ». Dieu nous veut à son service. Il veut que tout ce que nous pensons ou faisons soit à son honneur, à sa plus grande gloire.
Est-ce que nous prenons conscience de cela ?
Dans la deuxième lecture, saint Paul écrit aux Galates : « mettez-vous, par amour, au service les uns des autres ». Nous avons tous besoins de l’aide des autres. Personne ne peut se suffire. Nous avons tant besoin les uns des autres pour nous réaliser, pour nous développer, pour nous épanouir, pour être heureux, pour nous accepter comme frères et sœurs.
Est-ce que nous savons nous tourner vers les autres ?
Mais nous ne serons vraiment libres et au service de Dieu comme des autres que si nous demeurons vigilants. Saint Paul dit en effet aux Galates : « Tenez bon ». Nous devons tenir bon pour ne pas tomber dans la tentation de refuser de recevoir Jésus dans notre vie comme l’ont fait les habitants d’un village des Samaritains. Nous devons tenir bon pour ne pas tomber dans la tentation de nous mordre, nous dévorer et nous détruire les uns les autres comme nous le prévient saint Paul.
Que cette célébration nous ouvre à l’amour du Père qui nous appel à son Royaume, qui nous veut libres pour servir nos frères et sœurs !
Père Jean Claude Ciza