TEXTES : Gn 18, 20-32 ; Col 2, 12-14 ; Lc 11, 1-13
En ce dix-septième dimanche du temps ordinaire, les lectures nous introduisent au thème de la demande. Une demande est un appel à l’aide qu’on adresse à quelqu’un. Celui demande exprime un besoin. Et celui à qui l’on demande, s’il le peut ou s’il le veut, accorde une aide, une faveur. En tant qu’êtres humains, nous faisons continuellement des demandes. Car nous avons toujours besoin les uns des autres. En effet, personne n’est assez riche pour ne pas avoir des besoins, et personne n’est trop pauvre pour ne pas être capable de donner. Celui qui n’a pas demandé à celui qui a, et celui qui a donné à celui qui n’a pas.
Les lectures abordent ce thème de la demande sur plusieurs plans.
Sur le plan des sujets
Ici on peut se poser deux questions :
La première : à qui peut-on demander ? On ne demande pas à n’importe qui. D’après les lectures, on demande non seulement à quelqu’un qui a ou qui peut avoir, mais aussi qui apparaît comme n’étant pas une personne hostile, méchante. On demande à quelqu’un qui a un cœur. Dans la première lecture, du livre de la Genèse, on voit Abraham faire sa demande à Dieu qu’il qualifie comme « Celui qui juge toute la terre ». Dieu est grand. Mais en même temps, Abraham parle à Dieu comme on parle à un ami. Dieu s’est approché d’Abraham et Abraham à son tour peut s’approcher de Dieu. Dans la lecture, il est dit : « Il [Abraham] s’avança et dit ». Abraham s’adresse à un Dieu qui a un cœur, qui écoute
Dans l’évangile, les disciples s’adressent à Jésus non seulement comme à un maître, mais aussi comme à une personne dont ils sont familiers. Et Jésus invite ses disciples à parler à Dieu comme à leur père, à leur papa. Enfin, Jésus raconte une parabole qui met en scène quelqu’un qui va voir son ami pour lui faire une demande.
Il faut donc au départ que se crée une atmosphère positive entre celui qui demande et celui à qui on demande.
La deuxième : pour qui peut-on demander ?
a) On peut demander pour soi-même, individuellement ou collectivement. C’est cela qu’on voit dans l’évangile avec les disciples qui demandent à Jésus de leur apprendre « à prier ». C’est cela également que l’on voit avec les « nous » de la prière du Notre Père.
b) On peut aussi demander pour les autres. Bien souvent, on ne pense qu’à soi-même, qu’à ses problèmes. On ferme les yeux, les oreilles, les cœurs aux souffrances des autres. L’on prend alors l’habitude de chercher des prétextes pour se justifier, pour avoir la conscience tranquille. Mais l’amour, la charité nous appellent à regarder au-delà de nos besoins. C’est ainsi que dans la première lecture, on nous parle d’Abraham qui intercède auprès du Seigneur pour les habitants de Sodome. Pareillement dans l’évangile, quelqu’un va solliciter un service pour un visiteur qu’il a reçu.
Sur le plan des objets :
A ce niveau, la question que nous devons nous poser est celle-ci : qu’est-ce qu’on peut demander ? D’après les lectures, on doit demander de bonnes choses. Ces choses se répartissent en :
1° Biens immatériels ou spirituels : ici on peut mentionner entre autres :
a) La prière : une bonne prière est inspirée par Dieu qui connaît nos besoins. C’est ainsi que les disciples, dans l’évangile, demande à Jésus de leur apprendre à prier. Et Jésus dit aux disciples que Dieu ne peut pas refuser de donner l’Esprit Saint à ceux qui le lui demande.
b) Le règne de Dieu : il apparaît dans la prière du Notre Père. C’est le règne de justice, d’amour et de paix. Ce règne fait défaut à notre monde où les hommes préfèrent la violence qui engendre la mort pour atteindre leurs rêves.
c) Le pardon : il est difficile de pardonner, surtout si l’on a été blessé dans son amour propre. Mais Abraham demande à Dieu de pardonner aux habitants de Sodome leurs fautes. Et dans l’évangile, Jésus nous apprend à demander à Dieu de nous pardonner nos fautes comme nous pardonnons nous-mêmes à ceux qui nous causé des torts. Le pardon de Dieu pour nous dépend en quelque sorte de notre pardon pour les autres. Ce pardon de Dieu est pourtant toujours offert aux hommes. Saint Paul dit en effet aux Colossiens dans la deuxième lecture : « Mais Dieu vous a donné la vie avec le Christ : il nous a pardonné tous nos péchés ».
d) La protection : dans sa lettre aux Ephésiens, saint Paul écrit : « Ce n’est pas à l’homme que nous sommes affrontés, mais aux Autorités, aux Pouvoirs, aux Dominations de ce monde de ténèbres, aux esprits du mal qui sont dans les cieux » (Ep 6, 12). Pour échapper aux esprits du mal, nous avons besoin, selon le Notre Père, de l’aide de Dieu. Nous devons la lui demander.
2° Nous avons aussi les biens matériels : ils sont rendus par le pain dont nous parle l’évangile. Le pain, c’est la nourriture. Mais au-delà de la nourriture, on peut y voir tout ce qui contribue matériellement à la dignité de l’homme : un bon travail, un bon salaire, un bon toit, de bons soins. Nous devons demander à Dieu de convertir les cœurs des hommes pour que ces biens soient assurés pour tous les hommes.
Sur le plan de la manière :
Il a trait à la méthode. La question ici est : comment peut-on demander ?
1° Avec insistance : parfois il le faut. C’est la manière choisie par cet homme qui va demander des pains. Jésus commente cet épisode en ces termes : « même s’il ne se lève pas pour donner [les pains] par amitié, il se lèvera à cause du sans gêne de cet ami ».
2° Avec humilité : c’est la manière choisie par Abraham pour parler à Dieu. On le voit par l’usage des phrases comme : « Oserai-je parler encore à mon Seigneur ? », « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère, si j’ose parler encore », et « Que mon Seigneur ne se mette pas en colère : je ne parlerai plus qu’une fois ».
3° Avec intelligence : c’est important de savoir hiérarchiser ses demandes. Abraham l’a compris. Il a commencé par demander ce qui est le plus facile à obtenir : le salut de tous à cause de cinquante justes, pour finir par ce qui est les plus difficiles : le salut de tous à cause de dix justes.
Enfin, sur le plan du temps :
à ce niveau, la question est : quand peut-on demander ? Dieu est le maître du temps. Tout temps est temps de Dieu. Abraham a fait la demande le jour ; les disciples sans doute aussi, et l’ami durant la nuit. On peut s’adresser à tout instant. Sans doute aussi aux hommes.
Que Dieu nous donne la grâce de l’Esprit Saint pour savoir faire nos choix et nos demandes.
Père Jean Claude Ciza
Photo Katerina Holmes, www.pexel.com