Si 3, 17-29 ; He 12, 18-24 ; Lc 14, 1-14
En ce vingt-deuxième dimanche, nous pouvons tirer des lectures que nous venons d’entendre le thème de l’humilité.
Être humble, c’est considérer les gens avec qui l’on vit ou que l’on rencontre comme des égaux, voire supérieurs à soi-même. En tant que tel, l’humilité est synonyme de la simplicité, du respect, et est la marque de grandes âmes, des « âmes des justes arrivés à la perfection » dont parle la lettre aux Hébreux.
Dans la première lecture, Sirac Le Sage nous lance une invitation : « Mon fils, accomplis toute chose dans l’humilité et tu seras aimé plus qu’un bienfaiteur ». L’humilité se situe aux antipodes de l’orgueil, de la violence, du mépris. Voilà pourquoi elle est louée par Sirac Le Sage au contraire de l’orgueil qui est considéré comme la racine du mal en l’homme.
Mais notre condition, n’est-elle pas celle de l’orgueilleux ? Dans l’évangile, on nous parle de Jésus qui était entré chez l’un des chefs des pharisiens. Les pharisiens se considéraient comme des gens purs et dédaignaient les autres Juifs qu’ils traitaient des pécheurs. Si être pharisien, c’est déjà être orgueilleux, alors comment doit être le chef des pharisiens ? Et nous sommes comme des chefs des pharisiens. Jésus est entré chez l’un d’eux, il est entré chez nous. En effet, si nous nous examinons bien, nous verrons que nous ne respectons pas toujours ceux qui nous entourent, que nous manquons d’égard vis-à-vis de bien des autres, vis-à-vis du bien commun.
Aujourd’hui, Dieu nous demande de changer d’attitude, de devenir des gens simples, abordables, ouverts, bref humbles.
D’après les lectures, l’humilité doit s’exercer sur trois dimensions :
Sur la dimension verticale
Elle nous relie à Dieu. L’humilité est un don de Dieu. C’est Dieu qui le premier vient vers nous. C’est Jésus qui est allé chez l’un des chefs des pharisiens comme nous le dit l’évangile. Jésus est le modèle d’une personne humble. Il ne s’offusque pas de venir vers nous malgré sa grandeur et malgré notre petitesse, malgré nos péchés. C’est la logique même de l’incarnation. Dieu est entré dans notre vie pour que notre vie s’ouvre à lui. Grâce à Jésus, nous pouvons nous tourner vers Dieu : « La puissance du Seigneur est grande, dit Sirac Le Sage, et les humbles lui rendent gloire ». Et dans la lettre aux Hébreux, il est dit : « vous êtes venus vers la montagne de Sion et vers la cité du Dieu vivant, la Jérusalem céleste ».
Sans Dieu, notre vie tombe en ruine. Nous sommes invités à nous tourner vers lui dans la prière en toutes circonstances pour lui demander de nous éclairer ? Si le monde est en déroute aujourd’hui avec toutes ces guerres que nous vivons ici et là, c’est parce que les gens s’est sont détournés du Seigneur.
Sur la dimension intérieure
Elle nous aide à prendre possession de nous-même. Sirac Le sage fait observer : « L’homme sensé médite les maximes de la sagesse ». Un homme qui veut que sa vie soit cohérente doit aspirer à la sagesse. Et celle-ci a été vécue avant nous par nos ancêtres qui nous l’ont transmise sous forme de proverbes ; de contes, de devinettes et des mythes. Nos ancêtres ont fait leur part. Il revient à chacun de nous d’aimer, de méditer, d’assimiler et de vivre cet héritage pour bien nous conduire dans la société. Reconnaître cela est une forme d’humilité.
Sur la dimension horizontale
L’homme ne peut pas se faire tout seul, ni ne peut vivre en autarcie, se suffisant à lui-même. Nous sommes sans cesse appelés à nous ouvrir aux autres. Sirac Le Sage écrit : « l’idéal du sage, c’est une oreille qui écoute ».
L’homme orgueilleux n’a pas d’oreilles. Il n’écoute pas parce que les autres ne valent pas à ses yeux. Mais l’homme humble s’ouvre aux autres, reconnaît la place des autres dans sa vie. Se sachant limité, il accepte d’écouter pour apprendre.
L’homme humble ne se met pas à la première place comme nous l’apprend l’évangile. Discret, il a également un cœur aussi grand que le monde. Un cœur où il y a de la place pour tout le monde : pour ceux qu’il connaît comme pour ceux qu’il ne connaît pas ; pour ceux qu’il aime comme pour ceux qu’il n’aime pas.
Pére Jean Claude Ciza
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