Sg 9, 13-18 ; Ps 89 ; Ph, 9b-10.12-17 ; Lc 14, 25-33
En ce dimanche, Jésus annonce les conditions à remplir pour faire partie de ses disciples. Trois exigences essentielles sont formulées par le Maître :
- L’amour préférentiel pour lui,
- La marche à sa suite en portant sa croix
- La lucidité par rapport à la décision que l’on prend.
En évitant ainsi ses auditeurs à réfléchir sérieusement à leur engagement, Jésus veut leur faire comprendre qu’il vaut mieux rembourser chemin pendant qu’il est encore temps, plutôt que de s’engager à moitié ou de s’arrêter en chemin. Au juste que demande Jésus à chacun de nous ?
Jésus exige, tout d’abord de l’aimer plus que sa propre famille. Jésus réclame la première place par rapport à la famille, à la richesse et la carrière même si c’est au prix d’un arrachement douloureux à ce qui a de la valeur pour nous. « si quelqu’un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères et sœurs, et même à sa propre vies, il ne peut être mon disciple » ! Faisons attention ; « haïr » ici ne doit pas être pris au sens littéral comme si Jésus demandait d’avoir de l’aversion pour les membres de la famille. Il est question de préférence comme nous l’explique saint Matthieu en ces termes : « celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi » Mt 10,37.
La seconde exhortation du Christ consiste à prendre sa croix pour le suivre. Le symbole de la crois ici, évoque le sacrifice de soi, l’humiliation et la perte de sa vie, parfois dans le déshonneur le plus cinglant. Celui qui suit le Christ ne doit pas rêver de « tapis d’honneur » ni d’accueil triomphal. Il doit, au contraire, se rappeler que l’Évangile expose, dans certains milieux, à la dérision et au bannissement si ce n’est à la persécution ouverte. Suivre le Christ c’est donc renoncer à disposer de soi et à prendre l’initiative de sa vie, c’est laisser la première place à quelqu’un d’autre pour marcher derrière lui ; c’est accepter les temps d’attente et les rythmes imprévus. C’est accepter également de ne pas savoir par avance où l’on sera conduit ; c’est tout miser sur celui qui nous guide.
La troisième recommandation du Christ porte sur la prudence. Celui qui veut le suivre ne doit pas s’engager à la légère ni faire les choses à moitié. Il doit, bien au contraire, s’assurer qu’il est en mesure de mener l’entreprise jusqu’à son terme. L’enthousiasme facile et la précipitation sont donc à éviter. Celui qui choisit le Christ le fait pour le bon et il est sage de s’assurer que l’on est capable, tout en tenant compte de la grâce pour réaliser un tel engagement.
Terminons cette méditation en parlant de l’amour que le Christ attend de la part de celui qui veut le suivre, veut être son disciple. Il s’agit en effet d’un amour qui nous rend capable d’aimer davantage. Celui qui met le Christ à la première place apprend à aimer les autres de l’amour même de Dieu. Comme le sait, il y a des amours pièges et des amours libérateurs, des amours qui font vivre et des amours qui tuent, des amours qui donnent des ailes et des amours qui emprisonnent, des amours futiles et des amours nobles, des amours qui élèvent et des amours qui rabaissent. L’amour préférentiel que le Christ exige de ceux qui veulent le suivre est un amour qui dilate le cœur au lieu de le rétrécir, un amour qui remet tout à sa vraie place.
Demandons la grâce d’apprendre ce qui plaît au Seigneur, d’être des vrais sages. Que le Christ nous invite à le suivre, ouvre nos cœurs à cet amour vrai qui nous unis à lui et nous ouvre aux autres.
Pére Jean Claude Ciza
Fot. Refe