Am 6, 1-7 ; 1 Tm 6, 11-16 ; Lc 16, 19-31
Les lectures de ce vingt-sixième dimanche nous introduisent au thème de la bonté. Qu’est-ce qu’être bon ? On dit de quelqu’un qu’il est bon s’il fait beaucoup de bien autour de lui, s’il a des relations pacifiques avec des gens, s’il apporte la joie aux autres.
Dans la deuxième lecture, nous avons entendu saint Paul dire à Timothée : « Toi, l’homme de Dieu, cherche à être juste et religieux ». Saint Paul dit bien : « Toi, l’homme de Dieu … ». Est-ce à dire qu’il ne va de soi pour les hommes de vivre en hommes de Dieu. Oui, cela ne va pas de soi nous répondent le prophète Amos dans la première lecture et le Christ dans l’évangile. Très souvent nous nous enfermons dans l’égoïsme qui génère plusieurs types d’aveuglement.
Nous nous sentons en sécurité alors qu’il y a des gens dans nos régions, dans notre ville, dans nos quartiers et jusque dans nos familles qui vivent continuellement en insécurité. Des gens sont chassés de leurs terres, de leurs villages par des guerres ou par des chercheurs des minerais. D’autres sont chassés par leurs bailleurs, ou leurs patrons au travail puisqu’ils ne sont pas de leur colline, tribus, clan…
Le dimanche prochain, c’est le 1er dimanche du mois missionnaire, mois d’octobre, mois du rosaire. L’Église nous invite à élargir notre générosité. C’est l’occasion de poser des gestes de charité mais surtout de donner notre contribution pour les missions.
Comment pouvons-nous dire que nous vivons en toute tranquillité alors que des malheureux frappent à la porte de notre cœur ?
L’aveuglement de la nourriture
Nous mangeons bien alors qu’il y a des gens autour de nous, pas très loin de nous qui meurent de faim. Nous le savons, il y a des gens dans notre pays et même dans notre région qui sont affamés non pas par leur propre faute, mais à cause de l’esprit gourmand d’une certaine poignée de personnes qui veulent tout pour elles-mêmes.
Ne sommes-nous pas de cette poignée de gourmands ?
L’aveuglement du plaisir
Nous aimons danser, et nous dansons. La musique n’est-elle pas disponible jusque dans nos portables ? Mais autour de nous, il y a des gens qui pleurent à cause de l’injustice dont ils sont victimes. Et parfois, c’est nous encore qui sommes à l’origine de leur misère.
Allons-nous enfin baisser le volume de notre musique ou enlever les écouteurs de nos oreilles pour entendre leurs cris ?
L’aveuglement de la boisson
Nous avons sans doute les moyens de prendre la boisson. Mais ne buvons-nous pas un peu trop ? En tout cas, nous ne saurons pas nier que tout près de nous il y a des gens qui ne connaissent pour seule boisson que l’eau, et encore s’il y en a.
Nous vient-il à l’esprit d’épargner de l’argent pour faire de bonnes actions ?
L’Ecriture nous interpelle. Elle nous montre les conséquences de notre insouciance :
Amos dit : « C’est pourquoi maintenant ils vont être déportés ». C’est la déportation ou l’exil loin du bien. A force de faire le mal, on devient étranger au bien.
Dans l’évangile le Christ dit : « Le riche mourut aussi, et on l’enterra ». Être enterré peut s’entendre ici comme n’être pas un modèle pour sa société. On n’est pas porté dans les cœurs des gens parce qu’on fait le mal. Le riche de l’évangile n’a justement pas de nom, de nom dont on se souvienne ! c’est chacun de nous, du moment où on ne se soucis pas de la misère des autres.
L’Écriture nous réveille. Saint Paul dit à Timothée : « vis dans la foi et l’amour, la persévérance et la douceur ».
La foi : il s’agit d’accueillir Dieu dans notre vie, de lui donner un espace, de le placer au-dessus de nous pour que tout lui soit ordonné. En effet, si nous reconnaissons que Dieu est notre maître, cela peut nous aider à mettre de l’ordre dans notre vie.
L’amour : il s’agit de l’amour du prochain. Saint Augustin disait : « L’amour, c’est le poids qui m’entraîne ». Le problème avec le riche de l’évangile, ce n’est pas sa richesse – Dieu veut que nous soyons dans l’abondance -, mais son égoïsme, son égocentrisme, son ignorance de Lazare. L’amour est un remède à l’ignorance.
La persévérance : nous rencontrons nécessairement des obstacles qui nous empêchent de bien vivre notre foi en Dieu et notre amour du prochain. Nous ne devons pas nous décourager face à ces obstacles. Nous devons toujours avoir le bien en nous et devant nous comme la boussole de notre vie, comme l’énergie qui nous fait mouvoir.
La douceur : beaucoup de situations que nous vivons nous incitent à devenir des gens violents. Au mont des Oliviers, Jésus a dit à Pierre de remettre son épée dans son fourreau. La violence n’est pas chrétienne. Nous ne devons ni médire, ni maudire. Voilà comment nous devons vivre notre pauvreté dans le calme en se confiant au Seigneur et en priant pour la conversion des « mauvais riches ».
Si nous gardons les commandements du Seigneur, nous serons, comme le dit saint Paul à Timothée, des hommes irréprochables et droits, maintenant « jusqu’au jour où se manifestera notre Seigneur Jésus Christ ».
Demandons au Seigneur, qu’en ce mois d’octobre qui va commencer, nous puissions ouvrir nos cœurs, nos mains pour aider les autres et particulièrement le Saint père dans les actions missionnaires en donnant nos contributions pour soutenir la mission. Mais aussi, prions la Vierge Marie, la première missionnaire à soutenir tous les agents pastoraux du monde entier dans leur mission d’annoncer l’évangile.
Père Jean Claude Ciza
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