2 R 5, 14-17 ; 2 Tm 2, 8-13 ; Lc 17, 11-19
Les lectures que nous venons d’entendre, en ce vingt-huitième dimanche, nous introduisent au thème de la gratitude.
Qu’est-ce que la gratitude ? La gratitude est une attitude qui consiste à savoir reconnaître les bienfaits reçus et à remercier l’auteur ou les auteurs de ce(s) bienfait(s).
Quelle est donc notre situation qui exige que nous sachions dire merci ?
En effet, notre situation est celle des malades guéris, des lépreux purifiés. Nous sommes Naaman « qui était lépreux » dont parle la première lecture. Nous sommes les « dix lépreux » dont parle l’évangile. Disons quelque chose sur la lèpre. Retenons pour ce faire deux choses à ce sujet :
1° La lèpre est une maladie qui ronge la chair, qui la rend méconnaissable. Nous souffrons de la lèpre dans nos cœurs, dans nos relations. Notre pays, nos familles en sont affectées. Il y a si peu de choses qui marchent. Tout semble ruiné, méconnaissable. Pourquoi ? Parce que nous avons perdu la crainte de Dieu qui est le début de la sagesse ; parce que nous nous méprisons les uns les autres ; parce que nous sommes jaloux des progrès des autres ; parce que nous exploitons les autres ; parce que nous avons installé la haine plutôt que l’amour dans nos cœurs.
2° La lèpre est contagieuse. Et comme la lèpre, le mal est contagieux. Tous ceux que nous côtoyons, tout ce que nous touchons tombent en ruine. C’est là sans doute un portrait terrible. Mais il reflète bien notre réalité. Sinon, pourquoi tant de cris de souffrances autour de nous ? Mais aujourd’hui Dieu veut nous guérir. Et son salut atteint tout le monde.
a) Ceux qui sont proches comme ceux qui sont éloignés. Naaman est Syrien. Et parmi les dix lépreux il y a un Samaritain. Les autres sont probablement des Juifs. Tous, nous avons besoin de la libération, de guérison que seul le Seigneur peut nous accorder.
b) Ceux qui sont riches comme ceux qui sont pauvres. Naaman est un général de l’armée syrienne alors que les dix lépreux sont vraisemblablement des pauvres gens.
Comment Dieu nous guérit-il ? Par sa parole dont saint Paul, dans la deuxième lecture, dit qu’elle ne peut pas être enchaînée.
Dans la première lecture, nous avons entendu que « Naaman descendit jusqu’au Jourdain et s’y plongea sept fois ». Les eaux du Jourdain, c’est la parole de Dieu, ce sont les commandements de Dieu dont nous devons nous imprégner pour vivre dans l’amour de Dieu. Il s’y plongea sept fois. Ce sont les sept jours de la semaine. Cela veut dire que nous devons vivre de la parole de Dieu tous les jours de notre vie et dans le sacrement de l’eucharistie.
Dans l’évangile, la rencontre avec Jésus, la Parole de Dieu, conduit à la guérison. Comment cela se passe-t-il ?
1° Il faut savoir supplier Jésus : « [Les lépreux] s’arrêtèrent à distance et lui crièrent : ‘Jésus, maître, prends pitié de nous’ ».
2° Il faut savoir obéir à Jésus : « En les voyant, Jésus leur dit : « Allez-vous présenter aux prêtres ». En cours de route, ils furent purifiés ». Attention ! C’est Dieu qui guérit et non pas les hommes. C’est Dieu qui purifie le cœur de l’homme, qui lui donne la beauté, la bonté. Il est celui qui nous purifie dans le sacrement de la réconciliation.
Dans la première lecture, nous avons entendu Naaman dire à Elisée : « Je t’en prie, accepte un présent de ton serviteur ». « Mais Elisée répondit : ‘Par la vie du Seigneur que je sers, je n’accepterai rien’ ». Et dans l’évangile, les lépreux furent guéris avant même de rencontrer les prêtres.
A cause de cela, toute notre vie doit devenir une louange à Dieu, en signe de gratitude pour son amour envers nous. Dans l’évangile, il est dit que l’un des lépreux, « voyant qu’il était guéri, revint sur ses pas, en glorifiant Dieu à pleine voix ». Dans la deuxième lecture, saint Paul dit à Timothée, et à chacun de nous aujourd’hui : « Souviens-toi de Jésus Christ, le descendant de David ». Et dans la première lecture, nous avons entendu Naaman dire : « je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d’autres dieux qu’au Seigneur Dieu d’Israël ».
Est-ce que nous savons rendre grâce à Dieu ? Est-ce que nous savons remercier Dieu ?
Si nous nous ouvrons à Dieu, nous pouvons aussi du coup nous ouvrir aux autres. C’est ce que saint Paul dit à Timothée :
1° « C’est pour lui [le Christ] que je souffre jusqu’à être enchaîné comme un malfaiteur » ;
2° « C’est pourquoi je supporte tout pour ceux que Dieu a choisi ».
L’amour de Dieu est la source de l’amour du prochain. Marchons, crions vers cet amour infini de Dieu, afin qu’Il nous libère, nous purifie de nos lèpres et de tout ce qui nous éloigne des autres.
Père Jean Claude Ciza
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