Les discours sur la fin du monde ont, de tout temps, inquiété les esprits et provoqué des psychoses au sein des populations. En effet, au long des générations, visionnaires et voyants de tout acabit se sont relayés pour annoncer, preuves fantaisistes à l’appui, l’imminence de la fin du monde.
De nos jours, les motivations évoquées pour mettre en garde contre le danger de disparition de notre monde ne sont plus d’ordre religieux ni mystique. Ce sont plutôt, entre autres, les arsenaux de guerre fabriqués par l’homme, l’énergie nucléaire aux potentialités destructrices insoupçonnées, le réchauffement de la planète et la pollution, qui font planer sur notre tête, une gigantesque épée de Damoclès. Il y a à peine quelques décennies, le grand physicien Einstein tirait la sonnette d’alarme devant le péril d’anéantissement de notre terre en ces termes :
« Notre monde est menacé par une crise dont l’ampleur semble échapper à ceux qui ont le pouvoir de prendre de grandes décisions pour le bien ou pour le mal. La puissance déchainée de l’homme a tout changé, sauf nos modes de pensées et nous glissons vers une catastrophe sans précédent. Une nouvelle façon de penser est essentielle si l’humanité veut vivre. Détourner cette menace est le problème le plus urgent de notre temps ».
Dans les textes liturgiques de ce dimanche, la question de la fin des temps est abordée aussi bien par le prophète Malachie dans la première lecture que par le Christ dans l’Evangile, sous un angle spécifiquement religieux en utilisant le langage symbolique et les images catastrophiques. Nous pouvons brièvement résumer quelques-unes des affirmations centrales de ces lectures en 5 points.
- Ce que l’on a coutume d’appeler « la fin du monde » est en réalité un « renouvellement du monde ». Il ne s’agit nullement d’une dissolution dans le néant ni d’une extinction de l’humanité mais plutôt de son passage à l’éternité de Dieu. Voilà pourquoi l’Evangile de ce jour se termine par une affirmation pleine d’espérance : « c’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ». Dans le décor de destruction et de mort qu’il vient de décrire, le Christ annonce l’éclosion de la vie nouvelle qui sera accordée à ceux qui auront persévéré jusqu’au bout. Bref, nous devons lever le regard vers le nouveau matin pointant à l’horizon.
- Contrairement aux apparences, l’apocalypse n’est pas le triomphe du mal mais la victoire de Dieu. C’est ce que nous dit le prophète Malachie en ces termes : « pour vous qui craignez son Nom, le soleil de justice se lèvera ; il apportera la guérison dans son rayonnement ». Le mal sera anéanti et la gloire de dieu brillera dans ses élus. Ici l’essentiel c’est l’anéantissement du mal et la victoire éclatante de Dieu. Tenons donc ferme dans la foi chers frères et sœurs qui vivent les atrocités de la guerre un peu partout dans le monde.
- Toutes les œuvres humaines sont éphémères puisqu’elles portent la marque de la fugacité. Tout est passager et fugitif. C’est ce que nous pouvons retenir du message de Jésus devant ses disciples fascinés par la beauté du temple. La destruction du temple ne correspond pas encore au temps du « renouvellement du monde ». Les épreuves surgiront, les unes plus violentes que les autres, les règnes s’effondreront, […] tout passera, mais Dieu restera.
- « quand cela arrivera-t-il et quel sera le signe que cela va se réaliser ? Une question juste que tout le monde pouvait ou peux aujourd’hui poser à Jésus devant ces paroles. Jésus répond de manière inattendue, en invitant à persévérer jusqu’au bout. Bien souvent ce qui est considéré comme la fin du monde n’est que la fin d’un monde.
- En effet, la date du renouvellement de toutes choses appartient au secret de Dieu ; mais c’est à chacun qu’il revient de se préparer à cet événement qui peut survenir à n’importe quel moment. Dans ce but, le Christ met en garde contre les faux messies qui abusent de la crédulité du peuple et ensorcellent les âmes faibles. Ce qui importe de demander au Christ, c’est la grâce de la vigilance dans la prière et la persévérance dans l’amour afin que l’heure du « renouvellement » soit pour nous le moment le plus heureux de notre vie, celui qui marquera notre passage du temps à l’éternité de Dieu.
Abbé Jean Claude CIZA
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