Is 35, 1-10 ; Jc 11, 7-10 ; Mt 11, 2-11
En ce troisième dimanche de l’Avent, nommé « Les temps messianiques sont arrivés », les lectures nous invitent à méditer sur le salut.
On peut définir le salut comme la sortie d’une situation difficile. C’est le recouvrement du bonheur, de l’harmonie, de la vie face aux forces qui génèrent la division, le malheur, la mort. Le salut entraîne un changement dans la vie de celui qui se sent ou qui se sait sauver. Et ce changement est réel, vrai. Il n’est pas imaginaire, donc faux.
D’où vient le salut ? Est-ce qu’on peut se sauver soi-même ? Pour nous croyants, le salut est un don de Dieu aux hommes. Dans la première lecture, Isaïe nous dit justement : « Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver ». Et dans l’évangile, Jean le Baptiste, depuis sa prison, fait demander à Jésus : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »
Nous sommes nous aussi des prisonniers : des relations, du pouvoir, des richesses, de certains vices, des préjugés, etc. Nous devons nous tourner, à l’exemple de Jean le Baptiste, vers Jésus. Qu’est-ce que Jésus nous apporte-t-il ?
A) Il nous aide à voir, à entendre : « Les aveugles voient », « les sourds entendent », selon les paroles de Jésus dans l’évangile. Voir et entendre veulent dire savoir comprendre les choses, savoir les interpréter correctement. Beaucoup de confusions, de malentendus viennent simplement du fait que nos oreilles et nos yeux sont bouchés, parce que nous sommes pleins d’idées toutes faites. Jésus nous aide à les dépasser.
B) Il nous rend la parole : « la bouche du muet criera de joie », dit Isaïe. Il y a des moments où nous rencontrons beaucoup de difficultés pour convaincre notre entourage. Cela parce qu’on nous prive la parole, la possibilité de nous expliquer, de dire ce que nous sentons. Jésus veut que nous puissions nous écouter les uns les autres. Mais pour cela, il faut que nous ayons la possibilité de nous exprimer. Il nous y aide en nous rendant à nous-même.
C) Il nous fortifie : dans l’évangile, il est dit : « les boiteux marchent ». On peut en effet boiter de plusieurs manières : on peut boiter de pied, de cœur ou de tête. Boiter de pied, c’est hésiter d’aller à la rencontre des autres et du Seigneur qui vient nous sauver. C’est vivre dans la méfiance. Boiter de cœur, c’est n’avoir pas de réelles convictions et se laisser aller au gré de sentiments. Enfin, boiter de tête, c’est penser mal de soi-même et des autres, c’est voir des liens là où il n’y en a pas. C’est être semeur de confusions, des troubles, des conflits… Jésus entend nous rendre droit. Il veut que nous ayons confiance en nous-même et dans les autres.
D) Il nous purifie, nous ressuscite : nous avons sans doute nos limites, nos défauts. Si nous nous laissons enfermer dans ces limites, dans ces défauts, nous risquons de devenir excessivement timide, peureux. Nous risquons de disparaître à nos propres yeux et aux yeux des autres. Jésus veut nous restituer la beauté et la vie. Il répond à Jean le Baptiste en disant : « les lépreux sont purifiés », « les morts ressuscitent ». Jésus, comme on le voit dans le cas du paralysé de Capharnaüm, non seulement nous pardonne nos péchés, mais aussi nous demande de nous lever, de prendre notre lit et de marcher (Mt 9, 1-8).Il nous restaure, nous ressuscite. Il ne nous demande pas d’abandonner le lit où nous étions couchés, mais de le porter avec nous. Jésus nous apprend à gérer nos limites, nos défauts. C’est de là que vient la vraie beauté, la vraie vie.
A qui s’adresse le salut ? Sans doute à tout le monde. Mais qui sont capables de le recevoir ? De l’accueillir ? Les pauvres. En effet, Jésus dit dans l’évangile : « la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres ».
Mais qu’est-ce qui caractérisent les pauvres ?
1° L’humilité : Jésus dit dans l’évangile : « Parmi les enfants des hommes, il n’en a pas existé de plus grand que Jean Baptiste ; et cependant le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui ». Jean le Baptiste était un homme simple. Il n’accumulait pas les possessions, il n’aimait pas le luxe. Nous devons rivaliser de simplicité avec lui.
-Est-ce que je suis humble ?
2° La patience : dans la deuxième lecture, saint Jacques nous dit : « Ayez de la patience […] et soyez fermes, car la venue du Seigneur est proche ». La sagesse africaine dit que « Quand on mange vite, on se brûle la bouche ». Etre patient, c’est savoir attendre. C’est cheminer avec sagesse. C’est savoir tolérer le temps. C’est aspirer à la maturité.
-Est-ce que je suis patient ?
Si nous sommes de ces pauvres qui attendent le Seigneur, alors nous ferons dans notre vie l’expérience de la joie d’être sauvé comme nous le dit Isaïe : « Ils reviendront les captifs rachetés par le Seigneur, ils arriveront à Jérusalem dans une clameur de joie ».
Père Jean Claude Ciza
Fot. Joshua Earle