Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7 ; Rm 5, 12-19 ; Mt 4, 1-11
Depuis le Mercredi des Cendres, nous sommes entrés dans le temps de Carême. Pendant 5 semaines, nous allons, par la prière et le jeûne, entraîner notre corps, notre esprit, notre cœur à accueillir le salut par la mort et la résurrection du Seigneur.
Ainsi aujourd’hui, nous célébrons le 1er dimanche de Carême. Dans la tradition, ce dimanche est appelé « Dimanche de la Tentation ». En effet, les lectures nous montrent comment l’homme s’est laissé tenter par le mal, et ce faisant a produit la mort ; et comment le Fils de Dieu a résisté à la tentation, et ce faisant a réintroduit la vie en l’homme.
Dans la lettre aux Romains, saint Paul écrit que par « le péché est venu la mort ». En effet, Dieu n’a pas créé la mort, mais la vie. Le livre de la Genèse dit bien que Dieu insuffla dans les narines de l’homme « le souffle de vie et l’homme devint un être vivant ».
Dieu nous créé pour la vie. Manger le fruit de la vie signifie alors tuer la vie en soi et autour de soi. Et une des conséquences du choix de la mort, c’est de tuer justement le discernement en nous, le sens de la profondeur. « Le fruit, dit le livre de la Genèse, avait un aspect agréable, était désirable puisqu’il donnait l’intelligence ». Lorsqu’on poursuit des fins égoïstes, le mal attire avec force, et il génère la ruse, la superficialité. Par sa ruse, le diable nous fait croire qu’en mangeant du fruit défendu, l’homme deviendrait l’égal de Dieu. C’est la tentation d’être égal à Dieu que nous sommes invités à vaincre aujourd’hui. Le démon « pêche en eau trouble » en disant des demi-vérités.
Et le mal est malheureusement contagieux. Eve après avoir mangé, a donné à Adam et tous deux ont introduit le mal, la mort et la souffrance dans leur vie car ils ont désobéis à l’ordre divin. Le gain facile, la richesse facile, la réussite sans effort, voilà ce qui attire, qui gagne facilement les cœurs. Mais pour quel résultat ? Le progrès ? Le bonheur ? Non ! Ni pour soi-même, ni pour les autres. Au contraire, lorsque nous nous fermons au discernement, nous semons le désordre. Tôt ou tard, cela finit par devenir visible. C’est cela la nudité, la fragilité. D’où, il faut savoir faire un discernement dans la vie pour éviter de tomber dans une maladie incurable qu’est le péché.
Nous sommes devenus malades, paralysés par le péché, par le mal. Nous avons besoin d’un remède, de guérison. Saint Paul, dans la lettre aux Romains, nous dit que la vie revient chez l’homme par Jésus-Christ qui a toujours obéi à Dieu. « Par Jésus-Christ, la grâce de Dieu a comblé la multitude ». Par Jésus-Christ, Dieu insuffle de nouveau la vie dans les narines de l’homme pour que nous vivions. Jésus-Christ a résisté à la tentation de tuer la vie. Il nous a montré le chemin à suivre. Comment a-t-il résisté à la tentation de tuer la vie ?
De l’évangile de saint Matthieu nous apprenons par l’attitude de Jésus vis-à-vis du diable que nos besoins matériels doivent être subordonnés à notre faim et soif de la parole de Dieu. Si nous voulons faire quelque chose, nous devons donc nous demander :qu’est-ce que Dieu pense de ça ? Est-ce que je ne suis pas trop gourment au point d’affamer les autres ?
De plus, dans cette même page de l’évangile, nous apprenons par l’attitude de Jésus que nous devons savoir trouver le bonheur dans les limites de nos capacités.
Quand nous disons ou faisons quelque chose, n’est-ce pas que trop souvent nous cherchons à prétendre pour nous faire valoir ? Ne devrions-nous pas retrouver m’humilité pour faire les choses normalement et bien ?
Enfin, de saint Matthieu nous apprenons, par l’attitude de Jésus, que nous devons éviter de nous créer des idoles : des personnes que nous écoutons, que nous suivons pour gagner des faveurs, pour éliminer les autres, pour oublier même Dieu notre Créateur. Ainsi posons-nous cette question : dans notre vie, qui craignons-nous le plus ? Les hommes ou Dieu ? A qui recourons-nous le plus souvent ? Aux hommes ou à Dieu ?
Chers frères et sœurs, disons qu’en plaçant les tentations du Christ au début de sa mission, la parole de Dieu nous rappellent une vérité essentielle de l’Ecriture ; « Mon fils, si tu veux servir le Seigneur, prépare ton âme à la tentation » (Si 2, 1). Si le Christ lui-même a été soumis à la tentation, in n’y a pas de raison que nous ne le soyons pas aussi. Mais nous gardons ferme l’assurance qu’en restant attachés à lui, nous saurons résister aux séductions du mal. C’est à cela que nous invite le temps du Carême. Que la communion au corps et au sang du Christ, nourriture du salut nous obtienne aujourd’hui les forces nécessaires pour lutter contre les séductions du diable en mettant Dieu au premier rang dans notre vie.
Comme Jésus, et avec la grâce de Dieu, sachons faire le bon choix pour résister au diable.
Abbé Jean Claude Ciza
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