Ex 17, 3-7 ; Rm 5, 1-8 ; Jn 4, 5-42
Aujourd’hui, nous célébrons le troisième dimanche de Carême. La tradition nomme le premier dimanche, « dimanche de la Tentation » (avec la tentation de Jésus au désert). Le deuxième dimanche est nommé « dimanche d’Abraham et de la Transfiguration » (avec la sortie d’Abraham de son pays et la transfiguration de Jésus devant ses disciples). Ce dimanche-ci, qui est le troisième, est appelé « dimanche de Moïse et de la Samaritaine ».
Les lectures que nous venons d’entendre développent le thème du don. Le don, c’est quelque chose que l’on reçoit d’un autre. Il semble procurer beaucoup plus de joie encore avec l’effet de surprise qui l’accompagne. Le don dilate le cœur !
Les lectures nous montrent l’homme dans une situation de manque. Symboliquement, le livre de l’Exode appelle cela le désert, c’est la terre de la soif : « et le peuple eut soif ».
Dans l’évangile, on parle d’une femme samaritaine. Les femmes, dans la culture juive, n’avaient pas beaucoup de place dans la société. On les associait aux enfants. Pire encore, la femme dont on parle ici est samaritaine. La femme est donc dans une situation de manque. Elle a soif elle aussi. Elle vient chercher de l’eau au puits.
Au centre de ce récit se trouve une femme blessée par ses déceptions successives à la recherche d’un bonheur insaisissable, une femme dont l’histoire nous rappelle peut-être le drame de tant d’autres personnes déçues par al vie. Ce jour-là, elle était allée au puits de Jacob à midi, peut-être parce qu’elle voulait sans doute éviter de rencontrer des gens sur la route et surtout de tomber sur les groupes de femmes qui ont l’habitude de se rencontrer pour critiquer les autres.
Cependant, en arrivant au puits, elle ne s’attendait certainement pas à rencontrer un homme, et moins encore un étranger qui attendait la première femme qui viendrait puiser de l’eau pour lui demander à boire. Voilà le début des surprises avec des questions réponses qui vont l’aider à découvrir ce qu’elle avait toujours caché. Elle rencontre un homme qui sait lire dans son cœur même ce qu’elle aurait voulu lui cacher, mais aussi un homme qui la comprenait et lui pardonnait, un homme qui parlait de Dieu, un homme qui offrait une réponse définitive à toutes les questions de sa vie.
Emerveillée, elle oublia sa soif, et abandonnant sa cruche, elle courut annoncer à ses frères la bouleversante rencontre qu’elle venait d’effectuer. En effet, la rencontre personnelle avec le Christ change tout dans la vie d’un homme ou d’une femme. Disons que l’épisode peut nous inspirer 4 choses à savoir :
- Le dialogue commence par une demande de Jésus : « donne-moi à boire ». habituellement c’est Jésus qui donne ; mais cette fois-ci, Il est celui qui demande de l’eau. Au fait, si Dieu demande, c’est pour donner d’avantage ; il demande pour donner avec surabondance à ceux qui savent s’ouvrir à lui, à sa grâce.
- A l’exemple de la samaritaine, tout homme éprouve une soif qu’il n’arrive à pas à assouvir pleinement : soif de bonheur, de plénitude, d’harmonie, de réussite… et l’on s’égare facilement en pensant que l’abondance des biens peut apaiser ce désirs, ce désirs qu’en réalité Dieu seul est en mesure de combler. Et le psalmiste de dire : « tu nous a fait pour toi, Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne demeure en toi ».
- Ensuite, lorsqu’on fait une expérience bouleversante de Dieu, on oublie sa soif pour éprouver une nouvelle soif, celle de le communiquer aux autres. Lorsque la Samaritaine découvre l’identité de Jésus, elle oublie sa cruche et sa soif pour courir annoncer la Bonne Nouvelle à ses frères. Et nous ? Si peut-être nous ne brûlons pas de désir de le faire connaître autour de nous, c’est sans doute le signe que nous ne l’avons pas suffisamment rencontré. L’amour de Dieu, on le partage. Un vrai croyant ne peut pas s’enfermer sur lui-même. Il reçoit la vie de Dieu et il communique cette vie aux autres. C’est pour cela que la femme rentre en ville : « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ».
- L’eau vive annoncée par Jésus, le don de Dieu promis à la Samaritaine, c’est l’Esprit saint que le Christ a répandu sur son Eglise au jour de la Pentecôte. C’est cet Esprit qui rend féconde notre vie chrétienne. C’est au fond l’amour de Dieu dont parle saint Paul aux Romains : « Et l’espérance ne trompe pas puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné ».
Prions le Seigneur, que la communion à son corps et à son sang ravive en nous la soif de le rencontrer toujours et le communiquer sans ambages à nos frères et sœurs.
Père Jean Claude Ciza
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