S 16, 1-13; Ep 5, 8-14 ; Jn 9, 1-41
Aujourd’hui nous célébrons le quatrième dimanche de Carême. Comme vous le savez, le 1er dimanche est appelé « dimanche de la Tentation », le deuxième, « dimanche d’Abraham et de la Transfiguration », le troisième, « dimanche de Moïse et de la Samaritaine ». Celui-ci, le quatrième, est appelé « dimanche d’Israël et de l’Aveugle-né ».
Le Carême étant par excellence le temps de préparation au baptême, les textes qui nous sont proposés en ce dimanche offrent des pistes de réflexions sur ce sacrement de la nouvelle naissance : le baptême.
Dans la première lecture (1 S 16, 1-13a), nous avons écouté l’histoire du choix de David comme Roi d’Israël. Deux éléments de ce récit évoquent le baptême : il s’agit du libre choix de Dieu et de l’onction royale que reçoit l’élu. Dieu choisit qui il veut. Le baptême met en évidence la libre initiative de Dieu et l’onction du saint Chrême qui fait du baptisé un « fils adoptif » de Dieu dans le Christ.
Dans la 2è lecture (Ep 5, 8-14), saint Paul présente la nouvelle vie du baptisé comme une marche dans la lumière : « jadis vous étiez ténèbres, mais à présent vous êtes lumière dans le Seigneur ; conduisez-vous en enfants de lumière, car le fruit de la lumière consiste en toute bonté, justice et vérité ». Le baptême doit donc enchainer une rupture, un changement d’orientation dans notre vie. Parmi les œuvres de lumière qui doivent briller dans la vie du chrétien, saint Paul nous cite : la Bonté, la Justice et la Vérité. Cette caractéristique comme élément du sacrement de la lumière est également soulignée dans l’évangile où saint Jean nous rapporte la guérison d’un aveugle de naissance et son cheminement vers la foi. Elle est aussi soulignée comme éléments de Carême.
Dans l’évangile (Jn 9, 1-41), Jésus rejette la conception selon laquelle les infirmités et les maladies graves étaient la conséquence des péchés commis par les parents ou par les enfants même avant leur naissance. Il déclare plutôt que cette infirmité, nos maladies peuvent être des occasions de manifestation de la gloire de Dieu. Le croyons-nous vraiment ?
Comme dans la première lecture, c’est Jésus qui prend l’initiative de la guérison. L’aveugle ne lui a rien demandé et c’est le Christ qui s’approche de lui. Dans la démarche, le Seigneur ne lui demande pas de proclamer sa foi, mais plutôt de la montrer en allant se baigner dans la piscine de Siloé.
Pratiquement, l’aveugle de naissance apparaît comme une personne abandonnée, isolée d’abord à cause de son handicap et ensuite à cause de sa guérison, même Jésus qui l’a guéri, disparait de la scène ; il ne le verra qu’à la fin du récit lorsqu’il aura déjà été expulsé. Cette histoire est parfois la nôtre lorsque nous nous retrouvons seuls devant des choix difficiles à effectuer. Dans ce récit, nous voyons que toute la discussion entre l’aveugle guérit et les pharisiens tournent autour d’un personnage qui est absent. Ce qui intéresse ces derniers ce n’est pas le fait de la guérison mais l’identité du guérisseur, qu’ils refusent d’accepter. Malgré toutes ces pressions, l’aveugle de naissance tient bon en faisant preuve d’honnêteté, de courage et d’une foi extraordinaire. A la demande de Jésus, il va se laver dans la piscine de Siloé et retrouve la vue. Pressé par les pharisiens de renier son guérisseur, il résiste de toutes ses forces. C’est d’ailleurs l’insistance de ces derniers qui va le conduire à la foi, car c’est dans l’épreuve que s’affermit son attachement au Christ Sauveur.
En effet, de l’attitude de cet homme sauvé par le Christ, nous pouvons retenir que la foi est une démarche personnelle dans laquelle même les parents ne peuvent décider à notre place. Leur rôle est de nous éclairer sur notre chemin à la rencontre du Sauveur. En plus, face à l’aveuglement des pharisiens qui se réfugient dans l’observance de la loi sur le sabbat, que la religion ne devienne pas un prétexte ni une justification à notre manque d’amour ou à notre indifférence devant la souffrance de nos frères et sœurs.
Bien aimés de Dieu, en ce temps de Carême, demandons au Seigneur, par la communion au Corps et au Sang du Christ, de nous faire rencontrer Jésus, lumière du monde, afin que notre vie, elle aussi, soit transformée. Si quelqu’un après ce Carême nous demande si c’est bien nous, nous aurons la joie de lui répondre : « j’étais dans la nuit et le Christ m’a guéri, désormais de mes yeux de chair je vois autrement le monde perce que les yeux de ma foi ont contemplé son visage ».
Abbé Jean Claude Ciza
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