Textes : Is 52, 13-53, 12 ; He 4, 14-16 ; 5,7-9 ; Jn 18, 1-19.42.
En ce vendredi saint, nous voulons après avoir suivi la passion de Notre Seigneur Jésus chez Saint Jean méditer un peu sur les sept paroles du Testament de Christ sur la Croix.
De la Croix où son regard embrasse le monde, Jésus nous livre son Testament en prononçant ces sept paroles que l’Eglise recueille avec foi, dévotion et reconnaissance.
- « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » ( Lc 23, 34)
Malgré la souffrance inhumaine que ces meurtriers lui inflige, Jésus supplies le Père de leur remettre leurs tors, en les excusant : « ils ne savent pas ce qu’ils font ». C’est vrai, ils ne savent pas ce qu’ils font car aveuglés par l’orgueil, la haine, le ressentiment et la vengeance. Seigneur ; aide-nous à pardonner ceux qui nous offensent comme toi-même tu pardonnes à ceux qui t’ont fait souffrir.
- « Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis »( Lc 23, 43)
Jésus par ces paroles, oublie ses douleurs pour penser à celles de l’homme crucifié avec lui. Un bandit le supplie et aussitôt il ouvre pour lui les portes du paradis. Quel empressement ! Quelle miséricorde !, quelle chance d’avoir été crucifié avec Jésus ! Le bandit sauvé, a reconnu l’innocence de Jésus, il a confessé sa messianité et Jésus a prononcé un seul mot qui a changé son avenir. Merci Jésus, d’avoir aimé à ce point les pauvres pécheurs que nous sommes.
- « Femme, voici ton fils ; fils, voici ta mère » ( Jn 19, 26).
Comme toujours, Marie a suivi Jésus en silence en méditant dans son cœur les mystérieux desseins du Père. Son amour a triomphé de la peur ; son cœur de mère est brisé par l’épreuve. Oui, Jésus en appelant sa mère « femme » ; annonce que le temps de la révélation dont parle Jn 2,4 lors des noces de cana est arrivé. En remettant Marie ta mère entre les mains de Jean ton disciple bien-aimé pour qu’il veille sur elle ; c’est toute l’Eglise à qui tu confies à sa maternelle protection. A celle qui t’a donné la vie, tu remets tes disciples qu’elle nous apprend à nous abandonner dans les mains du Père. Merci Seigneur Jésus, car tu nous montre que nous ne sommes pas orphelins, puisque nous avons pour Mère la première des croyantes.
- « Mon Dieu, Mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Mt 27, 46
En prononçant ce premier verset du Ps 21, Jésus exprime la détresse de tout homme broyé par la souffrance, mais en même temps, il prononce l’espérance de voir la vie triompher sur la mort. Quand les ténèbres s’épaississent en nous et autour de nous, rappelons-nous ces paroles lumineuses de Edith Stein ; « même si tu me conduis dans la nuit, tu me conduis vers Toi ».
- « J’ai soif » ( Jn 19, 28).
Jésus est déshydraté et réclame de l’eau. Il éprouve la soif après toutes ces tortures endurées et les douleurs subies. Cette parole nous rappelle d’autres qu’il a prononcé sur la Montagne des Béatitudes : « heureux ceux qui ont faim et soif de justice ». N’est-ce pas plutôt cette soif qui le torture ? Oui, Seigneur, tu as soif chaque fois qu’un homme est privé de ses droits, quand les pauvres sont abandonnés à leur sort, quand la justice est vendue au plus offrant, quand un paria se meurt sur les trottoirs de nos bidonvilles. Comme sainte Teresa, apprends nous à dire chaque jour devant les situations désastreuses cette parole : « Oh, Jésus, fais-moi brûler de soif d’amour, comme toi » !
- « Tout est accompli » ( Jn 19, 30).
Tout est accompli selon la volonté du Père. Un jour il a dit à ses disciples que sa nourriture c’était d’accomplir la volonté du Père. Cette volonté, il l’a toujours accomplie, à c’est sur la croix qu’elle s’accomplie définitivement. Ainsi, la mort du Christ n’est pas une fatalité qu’il subit, mais un don fait par amour. Apprenons-nous à faire comme lui, la volonté de Notre Père ! chacun de nous peut prier ainsi : ô Jésus, quelle que soit la mission que le Père me confie, aidez-moi à la mener à son terme. Qu’elle soit grande ou petite, glorieuse ou effacée, heureuse ou épouvante, aidez-moi à l’accomplir avec amour, comme toi.
- « Père en tes mains je remets mon esprit » ( Lc 23, 46).
Les derniers mots du Christ sur la croix, sont adressés au Père pour lui remettre son esprit. Ainsi, sa vie s’achève par un don, un acte de confiance et d’espérance. Il n’a rien gardé pour lui-même au cours de sa vie ; même à l’instant de la mort, il offre tout.
Seigneur, aux heures d’épreuves, apprends-nous à nous remettre dans les mains du Père ; et surtout lors du grand passage, fais de nos derniers instants un acte d’amour au Père, afin que l’aube de la résurrection se lève pour nous aussi.
Abbé Jean Claude CIZA