En ce dimanche de la Pentecôte, de la venue de l’Esprit Saint qui clôture le temps pascal, les lectures nous invitent à méditer sur le thème de l’unité.
En lisant aujourd’hui dans le livre des « Actes des Apôtres » le récit de la Pentecôte, on a envie de s’exclamer ; « ce sont bien les apôtres, mais ils sont à présent dans d’autres mains ». sous l’action de l’Esprit, ils sont devenus d’intrépides messagers de l’Evangile. Que s’est-il donc passé en cette fête de la Pentecôte ? Quel message nous adressent-ils en ce jour ?
D’après le livre des « Actes des Apôtres », la Pentecôte chrétienne eut lieu le jour-même om les juifs célébraient le don de la Loi sur le Sinaï ? la coïncidence n’est pas fortuite, car si pour le peuple d’Israël la Pentecôte rappelle l’amour de la Loi, pour nous chrétiens, elle inaugure les temps nouveaux marqués par la Loi de l’amour. En effet, au jour de la Pentecôte, le Seigneur répandit l’esprit à profusion sur les Apôtres et la Vierge Marie, réunis au Cénacle, pour faire d’eux le peuple nouveau dont la loi fondamentale est l’amour.
En effet, les nombreux symbolismes contenus dans les textes liturgiques de ce jour peuvent nous aider à mieux saisir le sens de l’événement ainsi que le rôle de l’Esprit dans l’Eglise et dans le monde.
- Le souffle…Il symbolise dans le langage Biblique la présence de Dieu. C’est par un souffle que Dieu a tracé un chemin dans la mer Rouge ( Ex 14,21) et qu’Il a amené les cailles ( Ex 11, 31). C’est également dans le souffle leger qu’Il s’est révélé à Elie ( 1R 19, 12-13). Au soir de la résurrection, c’est encore par un souffle que le Christ donna l’Esprit aux disciples ( Jn 20, 22). Disons que le souffle est imprévisible ; il est porteur de nouveauté. Voilà pourquoi celui qui accueille l’esprit doit se laisser guider par lui sans vouloir lui imposer ses plans ou ses conditions.
- Et les langues de feu. Ces langues de feu qui se posent sur chacun des disciples provoquent un phénomène inattendu. Lc affirme que chacun attendait les disciples proclamer les louanges de Dieu dans sa propre langue. Le ‘don des langues » est attesté également dans d’autres textes du Nouveau Testament ( Ac 10, 46 ; 19,6 ; 1Co 12, 14 ; 2-19). Disons que selon le récit de la Pentecôte, le prodigue auquel assistent les foules , ce n’est pas le fait d’entendre les disciples parler des langues étrangères, mais plutôt de comprendre dans leur propre langue le message proclamé.
Disons donc que c’est l’Esprit lui-même qui pose le principe de toute évangélisation : ceux qui sont appelés à la foi n’ont pas à renoncer à leur langue et à leur culture pour adopter celles des juifs, mais au contraire, chacun est appelé à comprendre dans sa propre culture le message évangélique, car Dieu veut être loué et proclamé dans toutes les langues. Voilà un principe à ne jamais oublier.
- L’Esprit, les charismes et les sacrements : selon l’enseignement de l’Eglise, l’Esprit agit à la fois à travers les uns et les autres, de manière complémentaire. son action s’exerce d’une part à travers des rites institués, confiés à la juridiction de l’Eglise : ce sont les sacrements. L’action de l’Esprit s’exerce également de manière « libre et spontanée », sans aucun lien avec des rites ou des institutions bien déterminées ; ce sont les charismes.
Les charismes sont des dons accordés aux fidèles (considérés individuellement) pour enrichir l’Eglise ; les sacrements sont des dons accordés à l’Eglise pour enrichir et sanctifier les fidèles. Les uns et les autres sont nécessaires à la croissance du corps et à la sanctification de ses membres (cf. LG 12).
L’Esprit opère à travers les sacrements essentiellement de deux manières. Il intervient d’abord en conférant la puissance sanctificatrice au sacrement, indépendamment des dispositions de celui qui le donne ou le reçoit. Parce qu’ils sont institués par le Christ, les sacrements ont en eux-mêmes la grâce agissante. Mais disons aussi qu’il agit également dans l’âme de celui qui reçoit les sacrements en le disposant à bénéficier pleinement de la grâce accordée. Prions pour nos jeunes qui vont recevoir ce sacrement de confirmation afin que l’esprit dispose de toute leur vie et qu’ils soient des vrais témoins de la présence agissante de Dieu dans le monde.
Au sujet des charismes rappelons brièvement l’enseignement de Saint Paul aux Corinthiens : ceux qui ont des dons spectaculaires ne doivent pas se considérer comme supérieurs aux autres, car les actions extraordinaires ne sont pas nécessairement des preuves de la sainteté.de telles personnes doivent se distinguer par leur fidélité à l’enseignement de l’Eglise, leur respect à l’égard de l’autorité constituée dans l’Église et leur amour pour leurs frères (1Co 14). N’étouffons pas les charismes mais sachons les discerner dans leur grande diversité pour les accueillir et les mettre au service de l’Eglise et pas pour notre propre gloire.
Que l’Eucharistie de ce jour ouvre nos cœurs à recevoir pleinement l’esprit saint dans notre vie et nous donne la force de témoigner partout dans le monde de la victoire de Jésus sur le mal en vivant dans et par l’amour.
Bonne fête à tous !
Abbé Jean Claude CIZA
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